Une hausse historique des investissements dans l'énergie
En 2025, les investissements mondiaux dans l'énergie devraient atteindre la barre record des 3 300 milliards de dollars, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il s’agit d’un niveau jamais atteint, porté par une forte augmentation des capitaux injectés dans les technologies bas carbone.
Près de 2 200 milliards de dollars seront consacrés aux énergies dites « propres », dont une part importante dirigée vers le solaire photovoltaïque, les batteries, les pompes à chaleur et les réseaux électriques intelligents. Cette dynamique illustre un basculement net vers un modèle énergétique plus durable, bien que les défis restent nombreux.
Les énergies propres captent l’essentiel des flux
Le solaire devient la première source d’investissement individuel, avec environ 450 milliards de dollars prévus cette année, soit plus que le montant alloué à l’ensemble des projets pétroliers et gaziers conventionnels.
Par ailleurs, les investissements dans le stockage d’énergie (batteries stationnaires, hydrogène, etc.) atteignent pour la première fois 66 milliards de dollars, reflétant l’importance croissante de la flexibilité dans les systèmes électriques modernes.
Même si les énergies fossiles continuent de recevoir un soutien important – notamment dans les pays producteurs –, leur part relative dans les investissements mondiaux diminue progressivement.
Les leaders de la transition : Chine, Europe, États-Unis
Les trois principales zones motrices de cette transformation sont la Chine, l’Union européenne et les États-Unis.
- En Chine, les aides publiques et les objectifs industriels boostent la production de panneaux solaires et de batteries.
- En Europe, le Green Deal oriente massivement les fonds publics et privés vers la neutralité carbone.
- Aux États-Unis, le plan IRA (Inflation Reduction Act) déploie des milliards en subventions pour l’énergie propre et les infrastructures.
Ces zones concentrent désormais plus de 80 % des investissements bas carbone mondiaux, creusant un écart avec les pays en développement, souvent limités par des coûts de financement plus élevés.
Des infrastructures encore sous-dimensionnées
Malgré ces avancées, l’AIE alerte : les réseaux électriques, notamment dans les pays développés, restent le maillon faible. Moins de 400 milliards de dollars leur sont consacrés, alors que les besoins réels d’ici 2030 se situeraient autour de 750 milliards par an.
Le développement des lignes haute tension, la modernisation des réseaux existants et l'intégration de la production décentralisée (éolien, solaire résidentiel) nécessitent une mobilisation massive des acteurs publics et privés.
Objectifs climatiques : un écart persistant
L’augmentation des investissements est une bonne nouvelle pour le climat, mais elle ne suffit pas encore. Pour espérer limiter le réchauffement à +1,5 °C, l’AIE estime que les investissements annuels dans les technologies propres devraient atteindre près de 4 500 milliards de dollars d’ici 2030.
Le financement des pays en développement reste un angle mort. Faute d’accès au crédit ou à des garanties de risque, des régions entières, notamment en Afrique subsaharienne, peinent à déployer des projets d’envergure.
Quel impact pour les consommateurs ?
À court terme, l’essor des investissements n’entraîne pas forcément une baisse immédiate des prix de l’énergie. Mais sur le moyen et long terme, l'augmentation de la production renouvelable, la meilleure efficacité des réseaux et la baisse du coût des technologies (solaire, batteries) devraient permettre une plus grande stabilité tarifaire.
Pour les ménages européens, cette transformation pourrait se traduire par une multiplication des offres d’électricité verte, des primes à la rénovation thermique, ou encore l'essor de la mobilité électrique.
À suivre : nouvelles dynamiques géopolitiques
Enfin, cette bascule massive de capitaux entraîne de nouveaux équilibres géopolitiques. Alors que les pays exportateurs d’énergies fossiles s’adaptent à la baisse de la demande, les détenteurs de minerais critiques (lithium, cobalt, nickel) deviennent centraux.
La maîtrise des chaînes d’approvisionnement des technologies bas carbone (panneaux solaires, batteries, convertisseurs) devient un enjeu stratégique, redéfinissant les rapports de force économiques mondiaux.