Dans un contexte de transition énergétique mondiale, le Japon a présenté une feuille de route ambitieuse pour son avenir énergétique. Selon une annonce relayée par Reuters le 17 décembre 2024, le gouvernement japonais vise à faire passer la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité à 40-50 % d'ici 2040.
Un tournant stratégique pour l'île énergivore
Actuellement très dépendant des importations de combustibles fossiles, notamment du gaz naturel liquéfié (GNL) et du pétrole, le Japon souhaite réduire cette vulnérabilité énergétique. À la suite de la catastrophe de Fukushima en 2011, le pays avait vu sa production nucléaire chuter drastiquement, augmentant sa dépendance aux énergies fossiles.
Le nouveau plan prévoit que 20 % de la production proviendra de l'énergie nucléaire, avec la réactivation progressive de réacteurs existants et, éventuellement, le développement de nouvelles technologies comme les petits réacteurs modulaires (SMR).
Des investissements massifs pour stimuler l'offre
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement japonais entend soutenir massivement le développement de projets éoliens offshore, de fermes solaires et d'installations hydrauliques modernes.
En parallèle, des efforts seront concentrés sur l'amélioration du stockage de l'énergie et sur le renforcement des infrastructures de réseaux électriques, deux éléments clés pour intégrer efficacement les sources intermittentes d'énergie comme l'éolien et le solaire.
Début 2025, plusieurs appels d'offres pour des projets éoliens offshore flottants devraient être lancés, notamment au large des côtes de Kyûshû et Hokkaidô.
Un contexte mondial favorable mais concurrentiel
Le Japon s'inscrit ainsi dans une dynamique mondiale d'accélération des investissements dans les énergies propres. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables devraient atteindre 2 000 milliards de dollars en 2025.
Face à la concurrence de la Chine, très en avance dans le secteur solaire, et des États-Unis, qui multiplient les incitations via des mesures comme l'Inflation Reduction Act, le Japon veut éviter un retard technologique et industriel.
Impact prévu sur les consommateurs japonais
La transition énergétique japonaise devrait entraîner une transformation profonde du marché électrique. L'autoconsommation énergétique, les microgrids et l'utilisation de batteries domestiques devraient devenir courants.
Le gouvernement a aussi promis de soutenir les ménages les plus modestes, à travers des subventions pour l'achat de panneaux photovoltaïques et de batteries domestiques.
Le rôle de l'hydrogène et des technologies bas-carbone
Outre les énergies renouvelables classiques, le Japon mise sur l'hydrogène comme vecteur énergétique d'avenir. Des investissements massifs dans la production d'hydrogène vert, produit par électrolyse de l'eau à partir d'électricité renouvelable, sont prévus.
L'électrification des transports, notamment à travers les véhicules à hydrogène et à batteries, sera également un axe fort de cette stratégie.
Des défis techniques et sociétaux à relever
Malgré ces ambitions, de nombreux défis subsistent. Le territoire montagneux et densément peuplé limite l'implantation de grandes centrales solaires ou éoliennes terrestres. Le stockage massif d'énergie et la modernisation du réseau restent des chantiers techniques complexes.
Enfin, l'acceptation sociale de nouvelles infrastructures énergétiques, en particulier nucléaires, devra être soigneusement gérée pour éviter les oppositions locales.