En 2024, les banques mondiales ont injecté 869 milliards de dollars dans les énergies fossiles

Publié le 18/06/2025 dans News

Un financement fossile en forte hausse malgré les promesses

Les investissements dans les énergies fossiles par les grandes banques mondiales ont connu une augmentation spectaculaire en 2024, atteignant 869 milliards de dollars, selon le dernier rapport publié par le collectif Banking on Climate Chaos. Ce chiffre marque une progression inquiétante par rapport aux années précédentes, remettant en question la crédibilité des engagements pris par le secteur financier en matière de neutralité carbone. Alors que l’Accord de Paris fête bientôt ses 10 ans, les grandes banques continuent de financer massivement le pétrole, le gaz et le charbon, mettant ainsi en péril les objectifs climatiques globaux. L’année 2024 a vu plusieurs projets controversés recevoir des financements majeurs, dont des exploitations pétrolières en Arctique et de nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL).

Des banques américaines et chinoises en tête

Le rapport met en lumière le rôle prépondérant joué par les banques américaines et asiatiques. Parmi les 60 institutions analysées, les quatre premières – JPMorgan Chase, Citigroup, Bank of America et Wells Fargo – sont toutes basées aux États-Unis et ont contribué à hauteur de environ 340 milliards de dollars au total en 2024. Les banques chinoises ne sont pas en reste, notamment l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) et la Bank of China, qui poursuivent leurs investissements dans le charbon et l’expansion des infrastructures fossiles en Asie.

L’Europe tente de freiner le mouvement, mais reste ambivalente

Côté européen, certaines institutions comme BNP Paribas, Crédit Agricole ou la Société Générale ont réduit leur exposition aux énergies fossiles. Mais dans le même temps, d’autres banques du continent ont poursuivi leurs financements, notamment dans le secteur gazier, souvent considéré comme une énergie « de transition ». La pression des actionnaires, des ONG et de la société civile pousse certains groupes à publier des plans de décarbonation, mais les chiffres du rapport montrent un décalage net entre les déclarations de principe et la réalité des flux financiers.

Une dynamique qui contredit les objectifs climatiques

Selon les estimations de plusieurs experts en climatologie et de l’AIE, pour rester sur une trajectoire compatible avec un réchauffement de +1,5 °C, il faudrait cesser tout financement de nouveaux projets fossiles dès aujourd’hui. Or, les 869 milliards de dollars versés en 2024 indiquent clairement que le secteur financier n’a pas encore pris ce virage stratégique. L’organisation Reclaim Finance alerte aussi sur le fait que le gaz est de plus en plus utilisé comme prétexte pour retarder la transition énergétique, avec des projets soutenus en Afrique, au Moyen-Orient et même en Europe.

Des alternatives sous-financées

À titre de comparaison, selon BloombergNEF, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables en 2024 sont estimés à environ 630 milliards de dollars, soit nettement moins que les 869 milliards dédiés aux fossiles. Cette disparité illustre une inertie problématique du secteur bancaire. Malgré la rentabilité croissante du solaire, de l’éolien ou de l’hydrogène, ces solutions restent sous-financées par rapport à l’ampleur des besoins de la transition énergétique.

Face à ce constat, des appels se multiplient pour obliger les banques à rendre compte de leur impact climatique. En France, la loi Climat impose déjà un reporting ESG, mais il reste peu contraignant. L’UE discute actuellement de nouvelles normes plus strictes, notamment dans le cadre de la directive CSRD. Certains analystes plaident pour des mécanismes incitatifs, voire des quotas d’investissements verts imposés aux grandes banques, afin de réorienter durablement les flux financiers vers une économie bas-carbone. 

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