Une réponse européenne aux ambitions climatiques du transport aérien
L’Union européenne s’apprête à intensifier sa politique de décarbonation dans le secteur aérien. Selon des informations relayées par Zone Bourse, Bruxelles s’engage à subventionner l’importation de volumes significatifs de carburants durables d’aviation (SAF). Objectif : compenser le coût encore élevé de ces carburants alternatifs et encourager leur utilisation à grande échelle.
Cette stratégie s’inscrit dans le cadre de l’initiative « ReFuelEU Aviation », incluse dans le pacte vert européen. Elle impose une part minimale de carburants durables dans le kérosène utilisé dans les aéroports européens. Pour tenir ces objectifs ambitieux, l’Europe doit faire face à une offre locale encore insuffisante.
Les carburants durables (SAF) : une solution encore coûteuse
Les SAF, souvent produits à partir d’huiles usagées, de biomasse ou de déchets agricoles, représentent un levier majeur pour réduire l’empreinte carbone du secteur aérien. Mais leur prix est jusqu’à trois fois supérieur à celui du kérosène fossile classique.
En subventionnant l’importation de SAF en attendant que la production européenne monte en puissance, l’UE espère garantir une offre suffisante pour éviter des pénuries ou des distorsions de marché.
En parallèle, plusieurs projets industriels de SAF sont en cours en Europe, notamment en France, aux Pays-Bas et en Espagne. Cependant, les volumes nécessaires à court terme ne pourront être couverts qu’en combinant production locale et importations.
Un coup de pouce à la filière européenne
Bien que cette décision puisse sembler contre-intuitive à l’heure du soutien au « Made in Europe », elle est pensée comme un mécanisme transitoire. À moyen terme, la Commission espère que ces subventions inciteront :
- Les compagnies aériennes à passer progressivement aux carburants durables ;
- Les investisseurs à financer davantage d’unités de production SAF sur le sol européen ;
- Les pays producteurs à s’aligner sur des normes de durabilité plus strictes.
Le message est clair : l’UE ne veut pas rater la course mondiale à la décarbonation de l’aviation, un secteur souvent pointé du doigt pour son impact climatique élevé.
Quels impacts sur les prix des billets d’avion ?
Si ces subventions permettent d’amortir partiellement le surcoût des SAF, elles ne gomment pas totalement les écarts de prix. Une hausse des billets est donc probable, notamment sur les vols intra-européens où les quotas SAF seront les plus contraignants.
Toutefois, cette augmentation pourrait être limitée grâce aux aides publiques, et certains États membres envisagent aussi des exonérations fiscales ou des compensations pour les compagnies aériennes les plus engagées.
La France en première ligne
La France, qui a récemment lancé plusieurs appels à projets dans les biocarburants aéronautiques, soutient activement cette initiative. Le gouvernement a rappelé que la filière SAF pourrait créer des milliers d’emplois en régions, notamment dans les zones industrielles reconverties.
Sur le site prix-carburant.eu, vous pouvez déjà consulter les différentes typologies de carburants utilisés dans les transports, y compris les carburants alternatifs comme le SAF, le biogaz ou l’hydrogène.
Vers un marché mondial structuré des carburants durables ?
Le soutien massif de l’UE pourrait également inciter d’autres blocs économiques à adopter des mesures similaires. Les États-Unis ont déjà instauré des crédits d’impôt via l’Inflation Reduction Act, tandis que le Japon et le Royaume-Uni lancent des partenariats public-privé sur les biocarburants aéronautiques.
Dans cette dynamique mondiale, l’Europe veut garder un rôle moteur. Si elle ne parvient pas à structurer une chaîne d’approvisionnement robuste et compétitive, elle pourrait se retrouver dépendante de fournisseurs étrangers... au détriment de sa souveraineté énergétique.
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