TotalEnergies parie sur les huiles de cuisson pour verdir l’aviation
Dans un contexte de transition énergétique accélérée, TotalEnergies poursuit sa diversification dans les carburants durables. Le géant français de l’énergie a officialisé un partenariat de 15 ans avec les entreprises Suez et Séché Environnement afin de collecter et transformer des huiles de cuisson usagées issues de la restauration en biocarburants aéronautiques durables (SAF, pour « Sustainable Aviation Fuel »). L’accord prévoit la récupération de plusieurs dizaines de milliers de tonnes d’huiles chaque année à travers un réseau étendu de restaurateurs professionnels. Ces matières usées, souvent jetées ou valorisées à bas coût, deviennent une ressource précieuse dans la production de carburants alternatifs pour l’aviation.
Objectif : produire du carburant d’avion local et bas carbone
Le carburant issu de cette filière sera transformé dans la bioraffinerie TotalEnergies de Grandpuits (Seine-et-Marne), en cours de reconversion. Ce site est au cœur de la stratégie de décarbonation du groupe, qui vise à produire 210 000 tonnes de SAF par an d’ici 2025. Le recours à des huiles alimentaires usagées permet à la fois : - de limiter la dépendance aux matières premières agricoles comme l’huile de palme, - de réduire les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie, - et de renforcer une économie circulaire à l’échelle nationale. Selon TotalEnergies, chaque tonne d’huile recyclée permettrait d’éviter jusqu’à 90 % des émissions de CO₂ par rapport au kérosène classique.
Un partenariat tripartite pour structurer la filière
Le partenariat lie trois acteurs complémentaires : - Suez et Séché Environnement, deux poids lourds du traitement et de la valorisation des déchets en France, chargés de la logistique et de la collecte, - TotalEnergies, qui se chargera de la transformation industrielle dans sa bioraffinerie dédiée. Le contrat prévoit l’installation de conteneurs spécifiques dans des milliers de cuisines professionnelles : restaurants, hôtels, cantines, fast-foods… Ce circuit permettra de récupérer un flux continu d’huiles usagées avec des garanties de traçabilité et de qualité.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la réglementation européenne « RefuelEU Aviation », qui impose aux compagnies aériennes l’incorporation progressive de carburants durables : - 2 % dès 2025, - 6 % en 2030, - 70 % à l’horizon 2050. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, la filière aéronautique devra sécuriser des volumes importants de SAF. L’accord signé par TotalEnergies contribue à assurer un approvisionnement local, stable et compétitif.
Un enjeu économique autant qu’environnemental
Le SAF reste aujourd’hui plus coûteux que le kérosène fossile, mais la montée en puissance des infrastructures et des filières de collecte comme celle-ci devrait faire baisser les coûts de production. Selon les estimations de l’ADEME, le potentiel en France pour la collecte des huiles de cuisson usagées dépasse les 100 000 tonnes par an, dont une large partie encore peu valorisée. En structurant cette filière à l’échelle industrielle, TotalEnergies anticipe les besoins futurs des compagnies aériennes, tout en s’alignant sur ses propres engagements climatiques.
Le principe mis en œuvre ici — transformer des déchets organiques en énergie — pourrait s’étendre à d’autres secteurs. Le biométhane, les carburants à base d’algues ou encore les carburants synthétiques produits à partir de CO₂ capté sont autant de pistes explorées. L’exemple de l’huile de friture recyclée montre que la transition énergétique passe aussi par une meilleure utilisation des ressources existantes, dans une logique circulaire et décentralisée.
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