Quels carburants pour l’aviation ? Du kérosène au SAF
Le transport aérien, pilier de la mobilité mondiale, repose essentiellement sur des carburants à haute densité énergétique. Depuis l’essor du kérosène au XXe siècle, les carburants pour l’aviation ont peu évolué... jusqu’à l’émergence récente du SAF (Sustainable Aviation Fuel), un carburant alternatif plus vert. Quels sont les carburants utilisés aujourd’hui par les avions ? Quelles alternatives se développent pour réduire l’empreinte carbone du secteur aérien ? Tour d’horizon.
Le kérosène, carburant roi de l’aviation commerciale
Le carburant le plus couramment utilisé dans l’aviation civile est le Jet A-1, une forme de kérosène très raffinée. Issu du pétrole, ce carburant présente plusieurs avantages :
- Haute densité énergétique (plus de 43 MJ/kg), indispensable pour les longs courriers
- Stabilité à basse température : il reste fluide jusqu’à -47°C, idéal pour les vols à haute altitude
- Distribution mondiale : les infrastructures aéroportuaires sont adaptées à son usage
Cependant, le kérosène est aussi à l’origine de 2 à 3 % des émissions mondiales de CO₂. Son impact environnemental pousse l’industrie à chercher des solutions alternatives.
Le bio-kérosène ou SAF : une solution d’avenir ?
Le SAF (Sustainable Aviation Fuel) est un carburant produit à partir de ressources renouvelables, comme :
- Les huiles usagées ou végétales (HEFA-SPK)
- Les déchets agricoles ou forestiers
- Le CO₂ recyclé ou l’hydrogène vert combiné à du carbone (Power-to-Liquid)
Le SAF peut être utilisé en mélange avec du kérosène jusqu’à 50 % sans modification des moteurs ni des infrastructures. Ses avantages :
- Jusqu’à 80 % de réduction des émissions de CO₂ sur l’ensemble du cycle de vie
- Compatibilité avec les moteurs actuels
- Renouvelabilité des ressources de base
Mais sa production reste marginale (<0,2 % du carburant aviation mondial en 2024), freinée par les coûts, la disponibilité des matières premières et les volumes limités.
Les carburants militaires et spécialisés
L’aviation militaire utilise des carburants spécifiques comme le JP-8 (équivalent au Jet A-1 avec additifs) ou le JP-5 (plus stable pour les avions embarqués sur porte-avions). Ces carburants sont conçus pour :
- Supporter des conditions extrêmes (haute température, humidité, risques de feu)
- Prolonger la durée de vie des moteurs
- Réduire la signature infrarouge
L’armée s’intéresse aussi aux SAF pour décarboner ses opérations, comme l’armée américaine qui a testé des vols 100 % SAF dès 2022.
Hydrogène et électricité : fiction ou futur ?
L’hydrogène
- Utilisé dans des turbines adaptées ou via pile à combustible
- Zéro émission à l’échappement
- Défis majeurs : stockage cryogénique, volumes nécessaires, infrastructure
Airbus a annoncé un objectif de premier avion à hydrogène d’ici 2035.
L’aviation électrique
- Réservée aux petits avions (moins de 19 places)
- Autonomie limitée (quelques centaines de kilomètres)
- Intéressante pour les vols régionaux ou la formation de pilotes
Des modèles comme l’Alice d’Eviation ou l’Alpha Electro de Pipistrel sont déjà en vol d’essai.
Comparatif des carburants aéronautiques
Carburant | Source | Émissions CO₂ | Moteurs compatibles | Limites actuelles |
---|---|---|---|---|
Jet A-1 (kérosène) | Pétrole raffiné | Élevées | Tous moteurs jet | Fort impact environnemental |
SAF | Biomasse/déchets | Réduites (jusqu’à 80 %) | Oui (en mélange) | Production encore très faible |
Hydrogène | Électrolyse, PTL | Zéro (à l’usage) | Moteurs spécifiques | Stockage, coût, infrastructure |
Électricité | Réseau/renouvelable | Nulle (à l’usage) | Avions légers | Autonomie très limitée |
Quelle réglementation pour les carburants alternatifs ?
L’Union européenne a adopté en 2023 le règlement ReFuelEU Aviation, qui impose une part croissante de SAF dans les carburants d’aviation vendus dans les aéroports européens :
- 2 % dès 2025
- 6 % en 2030
- 70 % en 2050
La France s’est engagée à anticiper ces objectifs, avec le soutien de grands acteurs comme Air France et TotalEnergies.
Un enjeu majeur pour la transition écologique
Le choix des carburants aéronautiques sera déterminant pour décarboner le transport aérien sans sacrifier la connectivité. Si le kérosène reste encore dominant, le SAF ouvre une voie réaliste à court terme, en attendant l’essor des technologies de rupture comme l’hydrogène ou l’électrique.
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