Une usine de carburant d’aviation durable va voir le jour au Canada, sur la Côte-Nord

Publié le 10/06/2025 dans News

Une usine de carburant d’aviation durable va voir le jour au Canada, sur la Côte-Nord

Un projet industriel d’envergure vient d’être officialisé sur la Côte-Nord, au Québec : une usine de carburant d’aviation durable (SAF) sera construite à Port-Cartier. L’entreprise Future Fuels, basée en Colombie-Britannique, compte y produire jusqu’à 200 millions de litres de SAF par an à partir de résidus forestiers. Ce projet, inédit à cette échelle au Canada, s’inscrit dans la transition énergétique du secteur aérien, fortement émetteur de CO₂.

Un projet stratégique pour l’industrie aéronautique

Face à la pression environnementale croissante, les compagnies aériennes cherchent des alternatives au kérosène fossile. Le sustainable aviation fuel, ou SAF, constitue aujourd’hui l’une des principales pistes de décarbonation. Ce biocarburant, compatible avec les moteurs d’avion actuels, permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 à 80 % sur l’ensemble de son cycle de vie.

Le projet de Future Fuels à Port-Cartier est donc stratégique : il pourrait faire du Québec un acteur majeur du carburant aérien vert en Amérique du Nord. L'usine, dont la mise en service est prévue d'ici 2028, vise une capacité de 200 millions de litres par an, soit l’équivalent de plus de 160 000 allers-retours Montréal-Toronto pour un avion moyen-courrier.

Une valorisation des résidus forestiers

Le SAF produit à Port-Cartier sera issu de résidus de bois inutilisés par les scieries locales. Cette approche permettrait de valoriser une ressource abondante au Québec, sans entrer en compétition avec les usages alimentaires ou agricoles.

L’entreprise compte s’appuyer sur la méthode de gazéification de biomasse combinée à une technologie de Fischer-Tropsch pour transformer ces résidus lignocellulosiques en carburant liquide. Ce procédé industriel est déjà utilisé en Europe et en Californie, mais reste encore rare au Canada.

Des retombées économiques locales attendues

L’usine devrait représenter un investissement estimé entre 750 et 900 millions de dollars canadiens. Elle créerait plus de 100 emplois directs et plusieurs centaines d’emplois indirects pendant la phase de construction. Le site retenu, en zone industrielle, bénéficie d’un accès aux infrastructures portuaires et ferroviaires, facilitant l’export du carburant vers les marchés nord-américains et internationaux.

La Ville de Port-Cartier ainsi que la communauté innue Uashat mak Mani-utenam ont été consultées en amont. Une participation au capital par des partenaires locaux est même envisagée selon Future Fuels, dans une optique de retombées partagées.

Des enjeux environnementaux à clarifier

Malgré les bénéfices annoncés, le projet n’est pas exempt de critiques. Des groupes écologistes locaux s’inquiètent des volumes de biomasse nécessaires pour alimenter l’usine à pleine capacité. « Le Québec n’a pas de stratégie claire sur la récolte durable de la biomasse forestière », rappelle Nature Québec.

La future installation devra également obtenir plusieurs autorisations environnementales provinciales et fédérales. Une étude d’impact est attendue d’ici la fin de l’année 2025. Le ministère de l’Environnement du Québec suivra de près les émissions de GES liées à la chaîne logistique et la consommation d’eau.

Un contexte mondial favorable aux SAF

La mise en service de cette usine canadienne intervient alors que la demande mondiale en SAF explose. L’Union européenne impose progressivement une part minimale de SAF dans les vols commerciaux (6 % d’ici 2030), et les États-Unis subventionnent massivement ce secteur dans le cadre de l’Inflation Reduction Act.

Le Canada s’est engagé à soutenir l’aviation verte, mais ne dispose pas encore d’une stratégie nationale contraignante. Le projet de Port-Cartier pourrait donc servir de modèle pilote pour d’autres provinces.

Vers un maillage d’initiatives au Canada et dans le monde

Port-Cartier n’est pas le seul territoire à miser sur les carburants alternatifs pour l’aviation. D’autres projets émergent :

Sur le plan technique, les moteurs actuels peuvent fonctionner avec un mélange contenant jusqu’à 50 % de SAF. Des tests sont en cours pour aller plus loin, notamment avec des moteurs 100 % compatibles attendus d’ici 2035.

Sources

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