Mi-2025, plusieurs rapports et décisions industrielles majeures dressent un bilan contrasté de la transition énergétique mondiale. D’un côté, les énergies renouvelables gagnent en compétitivité, accélérant leur part dans le mix énergétique. De l’autre, les projets d’hydrogène vert sont revus à la baisse, voire abandonnés par les grands groupes, comme BP en Australie.
BP abandonne un méga-projet d’hydrogène vert en Australie
Le groupe pétrolier britannique BP a annoncé fin juillet l’abandon de son projet d’hydrogène vert “Australian Renewable Energy Hub” dans la région de Pilbara. Cette initiative, censée produire jusqu’à 26 GW d’énergie renouvelable pour l’électrolyse de l’hydrogène, est jugée non rentable dans le contexte actuel. Cette décision marque un revirement stratégique de BP, qui concentre désormais ses investissements sur les hydrocarbures, en réponse à la pression des actionnaires et à la volatilité des marchés du gaz naturel liquéfié (GNL). Le signal est fort : même les majors du pétrole réduisent leurs ambitions hydrogène.
Un retrait global des projets d’hydrogène vert
Selon une enquête de Reuters, de nombreux projets d’hydrogène vert sont annulés ou reportés à l’échelle mondiale. Parmi les raisons évoquées :
- Un coût de production trop élevé par rapport aux carburants fossiles ou à l’hydrogène “gris”.
- Des subventions insuffisantes dans plusieurs pays.
- Une demande encore trop faible pour justifier des investissements massifs.
Des projets ambitieux aux États-Unis, au Moyen-Orient ou en Europe sont ainsi à l’arrêt, en attendant des incitations plus claires ou une baisse du prix de l’électrolyse.
Les renouvelables désormais plus compétitives que les fossiles
En contraste, un rapport de l’IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables) publié le 22 juillet indique que 91 % des nouvelles capacités renouvelables installées en 2024 étaient moins chères que les solutions fossiles équivalentes. En particulier :
- Le coût du solaire photovoltaïque a chuté de 89 % depuis 2010.
- Les coûts de l’éolien terrestre ont baissé de 69 %.
- Les appels d’offres publics atteignent des records historiques de bas prix en Amérique latine, Afrique et Asie.
Cette compétitivité accrue pousse les pays émergents à accélérer leurs plans de transition.
Mi-année 2025 : l’électricité propre pèse 43 % de la production mondiale
D’après les données du cabinet Ember Climate, la production mondiale d’électricité à partir d’énergies renouvelables et nucléaires a atteint 43,2 % au premier semestre 2025, contre 40,7 % sur la même période en 2024. Cette progression est tirée par :
- Une forte croissance du solaire en Chine (+14 GW au T1).
- Le développement de parcs éoliens en mer au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Danemark.
- Un regain de production nucléaire en France et en Corée du Sud.
En revanche, la production issue du charbon reste stable, et les centrales au gaz augmentent légèrement en Europe de l’Est.
Quels impacts pour les carburants alternatifs ?
Cette évolution du mix électrique mondial pourrait ralentir la percée de l’hydrogène vert comme carburant alternatif dans les transports, au profit :
- des carburants liquides bas carbone,
- du GPL-c,
- et des véhicules électriques dans les zones urbaines.
La production d’hydrogène pourrait néanmoins jouer un rôle dans l’industrie lourde et le stockage énergétique longue durée.
Une transition encore inégale selon les continents
Enfin, les trajectoires divergent selon les régions. Les pays de l’OCDE consolident leurs engagements climatiques mais réduisent certains projets peu matures (hydrogène, capture carbone). Les pays en développement misent sur le solaire et le stockage, notamment en Inde et au Brésil. Les pays exportateurs de pétrole (Arabie saoudite, EAU) multiplient les investissements dans les EnR tout en maintenant leurs revenus pétroliers.
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