Le 21 avril 2025, l'administration américaine a annoncé l'imposition de droits de douane massifs sur les panneaux solaires importés de quatre pays d'Asie du Sud-Est : le Cambodge, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam. Ces mesures visent à contrer les pratiques de contournement tarifaire présumées des fabricants chinois, soupçonnés d'utiliser ces pays comme plateformes d'exportation vers les États-Unis.
Des taux de droits douaniers jamais vus
Le détail des nouveaux tarifs est spectaculaire :
- Cambodge : jusqu’à 3 521 %, en raison du manque de coopération des entreprises avec les autorités américaines.
- Vietnam : jusqu’à 395,9 %.
- Thaïlande : jusqu’à 375,2 %.
- Malaisie : environ 34,4 %, selon les cas.
Cette décision fait suite à une enquête du Département du Commerce, sollicitée par des acteurs américains comme Hanwha Qcells et First Solar. Ceux-ci dénoncent une stratégie d’évasion des taxes par des géants chinois du solaire, malgré les sanctions commerciales existantes.
Un secteur américain divisé
Ces nouvelles barrières douanières suscitent des réactions contrastées aux États-Unis :
- Les fabricants nationaux s’en félicitent : ils y voient un signal fort de soutien à l’industrie locale et à la relocalisation.
- À l’inverse, les développeurs de projets photovoltaïques s’alarment. L’association Solar Energy Industries Association estime que ces tarifs pourraient ralentir les installations solaires à l’échelle nationale.
Selon les premières analyses, les coûts d'importation pourraient bondir de 30 %, faisant chuter les projets solaires de 35-40 GW à 20-25 GW en 2025.
Des tensions commerciales ravivées
Bien que les pays visés soient situés en Asie du Sud-Est, la cible implicite reste la Chine. Cette offensive tarifaire renforce la politique protectionniste de l’administration Trump, visant à réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de Pékin. En toile de fond, la montée des tensions commerciales et géopolitiques continue de peser sur la coopération énergétique internationale.
Les pays concernés pourraient porter plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui risquerait d’envenimer les relations commerciales dans la région indo-pacifique.
Quel avenir pour le solaire américain ?
Si ces taxes peuvent stimuler la production locale, la capacité actuelle de l’industrie américaine à répondre à la demande reste limitée. Cela pourrait engendrer une augmentation généralisée des coûts pour les ménages et les entreprises désireux d’investir dans le solaire.
Pour compenser, des politiques de soutien public seront nécessaires : subventions à la production, crédits d’impôt pour les installations domestiques ou encore investissements massifs dans la chaîne de valeur nationale.
Une transition énergétique ralentie ?
Cette décision intervient à un moment clé pour la transition énergétique américaine. Le pays s’est fixé des objectifs ambitieux pour décarboner son mix électrique, mais cette offensive tarifaire pourrait freiner l’adoption massive de l’énergie solaire, pourtant au cœur de cette stratégie.
Le défi pour Washington sera de concilier souveraineté industrielle et accélération de la transition écologique sans compromettre ni l’un ni l’autre.
Sources :
- Reuters – US finalizes tariffs on Southeast Asian solar imports (21 avril 2025)
- The Guardian – US to impose tariffs of up to 3,521% (22 avril 2025)