Le géant de l’énergie RWE, un des leaders européens de la transition énergétique, a annoncé l’arrêt de toutes ses activités d’éolien offshore aux États-Unis. Cette décision intervient après une série de difficultés techniques, économiques et politiques qui ont remis en cause la viabilité de ses projets en mer sur la côte est américaine.
Un projet ambitieux stoppé net
RWE avait décroché, en 2022, des concessions majeures dans le cadre des enchères fédérales sur les zones maritimes au large du New Jersey. Ces projets, menés en partenariat avec la société nationale norvégienne Equinor, devaient représenter plusieurs gigawatts de puissance installée à l’horizon 2030.
Mais ces ambitions se sont heurtées à la réalité du terrain : flambée des coûts de construction, problèmes de chaîne d’approvisionnement, retards administratifs, incertitudes sur les tarifs d’achat d’électricité, et pressions politiques locales. L’entreprise a fini par juger que les conditions du marché ne permettaient plus de garantir un retour sur investissement acceptable.
« Dans le cadre de notre stratégie mondiale, nous avons décidé de nous retirer du marché américain de l’éolien offshore pour nous concentrer sur des marchés plus matures et plus stables », a déclaré un porte-parole de RWE à Reuters.
Un revers pour l’éolien offshore américain
Cette décision constitue un revers notable pour les ambitions des États-Unis en matière de transition énergétique. L’administration Trump avait pourtant affiché son soutien à l’éolien offshore, avec l’objectif d’atteindre 30 GW de capacité installée d’ici 2030. Mais en pratique, les projets ont souffert d’un empilement de contraintes réglementaires, de recours juridiques, et d’un manque d’infrastructures portuaires adaptées.
RWE n’est pas la première entreprise à faire machine arrière. En 2023 et 2024, plusieurs acteurs majeurs comme Orsted et Shell avaient déjà renoncé à des projets en raison de l’explosion des coûts et de l’évolution défavorable des marchés.
Réorienter les investissements
RWE a précisé que cette décision ne remettait pas en cause son engagement pour l’éolien en général, ni pour les énergies renouvelables. Le groupe entend renforcer sa présence en Europe, où le cadre réglementaire est plus stable, et accélérer ses investissements dans l’éolien terrestre, le solaire et l’hydrogène vert.
Selon les analystes du secteur, cette réorientation stratégique pourrait inciter d’autres développeurs à revoir leur position sur le marché américain, où seuls quelques projets pilotes ont vu le jour jusqu’à présent.
Le potentiel de l’éolien en mer reste pourtant immense : la seule façade atlantique pourrait techniquement fournir des centaines de gigawatts, mais les freins politiques, logistiques et économiques freinent encore les déploiements à grande échelle.
Un signal d’alarme pour la transition énergétique
Cette annonce est perçue par certains experts comme un signal d’alarme pour la planification de la transition énergétique aux États-Unis. Si les grands groupes internationaux peinent à y opérer, cela pourrait décourager les investissements futurs et retarder les objectifs climatiques du pays.
En France, où l’éolien en mer connaît également des lenteurs, cette nouvelle relance les débats sur la simplification des procédures et le soutien aux industriels. Le gouvernement français a d’ailleurs annoncé en mars une série de mesures pour accélérer le développement de parcs éoliens offshore, notamment en Bretagne et en Normandie.