Alors que l’été est traditionnellement synonyme de pics de consommation de carburant aux États-Unis, la saison 2025 déjoue les prévisions. Les dernières données publiées par Reuters indiquent une baisse des prix de l’essence, alimentée par des importations massives et une demande nationale étonnamment modérée. Une conjoncture qui remet en question les anticipations du secteur pétrolier américain, habituellement confiant à cette période de l’année. Selon l’US Energy Information Administration (EIA), les volumes d’essence en stock ont atteint des niveaux élevés pour la saison, en grande partie à cause d’une hausse des importations, notamment en provenance d’Europe. En parallèle, les ventes hebdomadaires de carburants n’ont pas connu la hausse saisonnière attendue, reflétant un comportement plus prudent des consommateurs.
Des stocks en forte hausse malgré l’été
Depuis juin, les importations américaines d’essence ont bondi. Plusieurs cargaisons en provenance des Pays-Bas, d’Espagne et d’Italie ont été déchargées sur la côte Est, saturant temporairement les capacités de stockage. Cette surabondance tire mécaniquement les prix à la baisse sur le marché spot. À New York, le prix spot de l’essence a chuté de 12 % sur les 30 derniers jours. Les marges de raffinage, indicateur clé de la rentabilité du secteur, sont passées sous les 20 centimes par gallon, un seuil considéré comme critique pour bon nombre de raffineurs.
La demande américaine reste loin de ses niveaux pré-COVID, et surtout, elle n’a pas rebondi en 2025 comme espéré. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : – la persistance d’un contexte inflationniste qui pousse les ménages à limiter leurs déplacements, – un recours plus important au télétravail, – et une utilisation accrue de véhicules hybrides ou électriques pour les trajets quotidiens. Selon les dernières données hebdomadaires de l’EIA, les livraisons de produits pétroliers (proxy de la demande) sont inférieures de 3,2 % par rapport à juillet 2024. Ce déficit crée un effet ciseau avec l’excès d’offre.
Raffineurs sous pression, marges en recul
Les grandes raffineries américaines, notamment PBF Energy et Valero, voient leurs marges s’effondrer sur le segment essence. Dans certains cas, les profits générés par baril traité sont inférieurs aux coûts logistiques, notamment pour les raffineries situées loin des zones de consommation comme le Midwest. Résultat : plusieurs acteurs envisagent de ralentir temporairement leur cadence de production ou de reporter certaines opérations de maintenance à l’automne, en espérant une stabilisation des marchés d’ici là.
Répercussions potentielles en Europe
Si la baisse des prix aux États-Unis semble d’abord locale, elle pourrait affecter le marché européen, notamment par effet de retour sur les cargaisons. En effet, les exportations d’essence européenne vers les USA sont un débouché majeur pour certaines raffineries, notamment aux Pays-Bas et en Italie. Si cette porte se referme, les surplus européens pourraient faire pression sur les prix du SP95 et SP98 en France. En France, le prix moyen du SP95 reste stable autour de 1,69 €/L, mais pourrait évoluer à la baisse si les flux atlantiques se tarissent et redirigent l’offre excédentaire vers le marché européen.
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