Les débuts du gazole : une invention révolutionnaire
Le gazole, aussi appelé diesel, tire son nom de l’ingénieur allemand Rudolf Diesel. En 1892, il invente un moteur capable de fonctionner avec un carburant moins raffiné que l’essence : le gazole. Ce nouveau moteur, plus sobre et plus puissant, est à l’origine conçu pour des usages industriels et agricoles. Le carburant utilisé à l’époque est un mélange d’huiles végétales et de pétrole lourd, bien différent du gazole que l’on trouve aujourd’hui dans les stations-service.
Le moteur Diesel connaît un essor rapide dans le domaine ferroviaire et maritime, mais reste longtemps absent des voitures particulières. En raison de son poids, de son bruit et de ses vibrations, il n’est pas jugé adapté aux véhicules légers. Il faudra attendre le XXe siècle pour que le diesel conquière la route.
Le gazole et les véhicules utilitaires : une alliance naturelle
Dès les années 1930, les camions, bus et véhicules agricoles adoptent massivement le gazole. Moins cher que l’essence, ce carburant présente un rendement énergétique supérieur, idéal pour les longues distances et les charges lourdes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gazole s’impose comme un carburant stratégique pour l’armée et l’industrie.
Après-guerre, son usage se généralise dans les véhicules utilitaires et les flottes professionnelles. En France, dans les années 1960–1970, les moteurs diesel commencent à équiper certains taxis et véhicules d’administration.
La montée en puissance du diesel chez les particuliers
Le véritable tournant arrive dans les années 1980. Face aux chocs pétroliers et à la flambée du prix de l’essence, les constructeurs investissent massivement dans le diesel pour les voitures de tourisme. Le gouvernement français soutient cette transition avec une fiscalité avantageuse sur le gazole : moins taxé que l’essence, il devient beaucoup plus rentable à la pompe.
Les progrès techniques – notamment l’injection directe, les turbocompresseurs, et plus tard les filtres à particules – rendent les moteurs diesel plus performants, plus propres et plus confortables. À tel point qu’en 2012, plus de 70 % des voitures neuves vendues en France sont diesel. Une exception mondiale !
La chute du diesel : scandales et transition écologique
Mais cette domination va être remise en question brutalement. Dès les années 2010, plusieurs études alertent sur les émissions de particules fines et de dioxyde d’azote (NOx) générées par le gazole. Le point d’orgue est le scandale Volkswagen en 2015 : des millions de véhicules diesel truqués pour passer les tests d’émissions.
La confiance des consommateurs s’effondre. De nombreuses villes européennes annoncent des restrictions, voire des interdictions des véhicules diesel dans leurs centres urbains. Les ZFE (Zones à Faibles Émissions) fleurissent, et les ventes de voitures diesel chutent drastiquement.
Le diesel aujourd’hui : un carburant en déclin
En 2025, le gazole représente moins d’un quart des ventes de véhicules neufs en France. Il reste néanmoins incontournable pour certains usages : camions, bus longue distance, engins agricoles ou utilitaires. Son rendement élevé en fait toujours un choix stratégique pour les professionnels.
Le carburant diesel en station est aussi plus propre qu’avant : ultra-raffiné, désoufré, parfois enrichi en additifs. Mais il reste plus polluant à l’usage que l’essence ou l’électricité, en particulier en zone urbaine.
Quel avenir pour le gazole ?
L’Union européenne prévoit l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs (essence et diesel) d’ici 2035. Le gazole pourrait cependant survivre dans certaines niches professionnelles. Par ailleurs, la recherche explore des alternatives comme le diesel de synthèse ou les biocarburants à base d’huiles recyclées.
Le diesel a profondément marqué l’histoire automobile, l’économie et l’aménagement du territoire. Il symbolise une époque où la puissance et le rendement primaient sur l’écologie. Aujourd’hui, il incarne surtout les défis de la transition énergétique.