40 % de contenu européen : la nouvelle exigence
Le 4 juin 2025, la Commission européenne a confirmé sa volonté d’imposer une règle simple mais ambitieuse : au moins 40 % des équipements utilisés dans les projets d’énergies renouvelables devront être d’origine européenne d’ici 2030. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du Net-Zero Industry Act, présenté en mars dernier. Objectif affiché : renforcer la souveraineté énergétique européenne, alors que plus de 75 % des panneaux photovoltaïques installés en Europe proviennent actuellement de Chine. Pour atteindre cet objectif, plusieurs leviers sont envisagés :- des appels d’offres publics conditionnés à des critères de fabrication européenne,
- des subventions ciblées pour la relocalisation d’usines de panneaux et d’éoliennes,
- un mécanisme de “bonus industrie locale” dans les dispositifs de soutien aux EnR.
Solaire : une dépendance massive à l’Asie
Dans le secteur photovoltaïque, la dépendance européenne à la Chine est particulièrement marquée :- 97 % des wafers et cellules photovoltaïques importés en 2024 viennent d’Asie,
- moins de 3 % des modules sont assemblés dans l’Union, selon SolarPower Europe,
- les prix très bas pratiqués par les fabricants chinois rendent toute concurrence difficile.
Éolien et batteries : un retard à combler
L’industrie éolienne européenne dispose encore de champions (Vestas, Siemens Gamesa), mais leur compétitivité est mise à mal par :- la hausse des coûts des matériaux,
- la pression concurrentielle asiatique et américaine,
- le manque de commandes fermes sur le long terme.
Réactions contrastées
Les ONG environnementales saluent cette volonté de relocalisation, à condition qu’elle ne freine pas les objectifs de développement des EnR : “Ce n’est pas le lieu de fabrication qui fait la transition, mais la rapidité d’installation”, rappelle Greenpeace. Les industriels, eux, demandent plus de clarté sur les critères “Made in Europe” :- quelle part du produit devra être fabriquée dans l’UE ?
- quels contrôles seront mis en place ?
- quelle articulation avec les normes de concurrence internationales ?
Un enjeu stratégique et politique
Au-delà des considérations techniques, cette initiative s’inscrit dans une logique de sécurisation des chaînes d’approvisionnement. La crise énergétique de 2022-2023 et les tensions géopolitiques ont mis en lumière la fragilité des dépendances extracommunautaires. Relocaliser les filières solaires et éoliennes permettrait non seulement de créer des emplois industriels en Europe, mais aussi de mieux maîtriser les coûts et les standards environnementaux.Vers un tournant industriel pour la France ?
La France a exprimé son soutien à cette politique. Des projets d’implantation sont à l’étude à Fos-sur-Mer, Dunkerque et Belfort. Reste à voir si ces intentions se traduiront par une renaissance industrielle à grande échelle.📊 Source : Commission européenne – Net-Zero Industry Act, SolarPower Europe, GreenUnivers, France Stratégie.