Démission du gouvernement Lecornu : quelles conséquences sur les prix des carburants ?

Publié le 08/10/2025 dans News

Un choc politique en pleine préparation budgétaire

La démission du gouvernement Lecornu a provoqué un véritable séisme à Paris. En pleine discussion du projet de loi de finances, le départ du Premier ministre et de son équipe place la France dans une phase d’incertitude institutionnelle. Selon Le Monde, cette crise pourrait retarder l’adoption du budget, voire provoquer une reconduction automatique des crédits 2025 si aucun accord politique n’émerge rapidement. Cette situation intervient alors que la trajectoire budgétaire française reste fragile : déficit supérieur à 5 % du PIB, dette dépassant les 110 % et engagement européen à la stabilité budgétaire. En conséquence, tout retard ou blocage pourrait contraindre l’État à revoir certaines dépenses publiques… parmi lesquelles les dispositifs d’aide sur les carburants.

Les prix des carburants, un sujet hautement politique

Depuis la fin de la remise gouvernementale de 30 centimes en 2022, les automobilistes français surveillent avec anxiété l’évolution du prix à la pompe. Ces tarifs dépendent de plusieurs composantes :

Or, c’est précisément cette fiscalité qui pourrait être fragilisée par l’instabilité gouvernementale. Sans arbitrage clair, aucune modification de taux ne peut être votée. Mais à plus long terme, le futur exécutif pourrait être tenté d’ajuster ces taxes pour répondre aux contraintes budgétaires ou à la pression sociale.

Trois scénarios possibles pour les prochains mois

Le statu quo à court terme

Tant qu’un nouveau gouvernement n’est pas en place, les règles fiscales actuelles continuent de s’appliquer. Autrement dit, les prix des carburants dépendront surtout du marché mondial du pétrole et du taux de change euro/dollar. Selon notre observatoire, le Brent s’échangeait début octobre autour de 65 USD le baril, un niveau relativement stable, ce qui limite les variations à la pompe à court terme.

Une hausse fiscale sous un futur gouvernement d’austérité

Si le futur exécutif choisit de redresser les comptes publics, une hausse de la TICPE pourrait être envisagée dès 2026. Chaque centime de taxe supplémentaire sur le litre rapporte environ 500 millions d’euros à l’État. Une telle décision ferait mécaniquement grimper le prix du gazole et du SP95-E10, déjà situés en moyenne à 1,63 €/L et 1,69 €/L début octobre, selon les données de prix-carburant.eu.

Un gel ou une baisse temporaire pour apaiser les tensions

À l’inverse, pour éviter une flambée sociale, notamment dans les zones rurales, un gouvernement de transition pourrait décider d’un gel temporaire des taxes, voire d’un soutien direct aux stations-service indépendantes. Des mesures similaires avaient été adoptées fin 2022, lorsque le gouvernement avait compensé les marges pour maintenir un prix stable.

Des marges de manœuvre budgétaires très limitées

Le vrai problème réside dans la soutenabilité des finances publiques. Toute baisse de taxe coûte cher : la remise de 30 centimes par litre en 2022 avait représenté plus de 7 milliards d’euros. Or, le gouvernement sortant avait déjà prévenu que « chaque centime d’aide devra être justifié par un financement en face ». Sans majorité stable, il est peu probable qu’une mesure coûteuse soit votée dans les prochaines semaines. De plus, le contexte européen limite les marges nationales : le retour du pacte de stabilité impose une réduction progressive du déficit. La Commission européenne surveille déjà de près la trajectoire budgétaire française. Une hausse des dépenses non compensée pourrait fragiliser la note souveraine du pays, renchérir la dette… et indirectement peser sur le prix des carburants importés via un euro plus faible.

Des signaux contradictoires sur les marchés

Pendant ce temps, le marché du pétrole reste volatil. La récente détente observée sur le Brent et le WTI pourrait être de courte durée si les tensions géopolitiques au Moyen-Orient se ravivent. Une déstabilisation politique en Europe de l’Ouest, même limitée, renforce souvent la nervosité des investisseurs. D’après les données du 8 octobre, le gasoil de Rotterdam s’échangeait autour de 765 $/t, soit une baisse de 4 % sur une semaine, tandis que l’essence SP95 restait stable autour de 800 $/t. Mais un rebond de la demande asiatique ou une coupure de production de l’OPEP+ pourrait inverser la tendance d’ici novembre.

Quelles conséquences pour les automobilistes ?

Pour les consommateurs, la principale conséquence immédiate de cette démission reste psychologique : l’incertitude. Les prix à la pompe devraient rester relativement stables en octobre, mais pourraient repartir à la hausse si la crise institutionnelle se prolonge. Dans un tel contexte, il est recommandé de suivre l’évolution hebdomadaire sur le baromètre des carburants.

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