Amende aux pétroliers : le PCF propose des chèques carburant pour les foyers corses

Publié le 21/11/2025 dans News

En Corse, la question des prix du carburant reste au cœur des préoccupations des ménages. La décision récente de l’Autorité de la concurrence de sanctionner plusieurs opérateurs pétroliers pour entente sur le marché des carburants routiers insulaires a relancé le débat sur le pouvoir d’achat et la vie chère. Le Parti communiste français (PCF) souhaite que cette amende de 187,5 millions d’euros soit directement reversée aux foyers corses sous forme de chèques carburant, afin de compenser un surcoût qui a pesé pendant des années sur les automobilistes.

Pour de nombreux conducteurs corses, le budget carburant est devenu un poste de dépense difficile à maîtriser. Malgré la possibilité de comparer les tarifs grâce à des outils en ligne comme un comparateur des prix du carburant, les écarts avec le continent alimentent un sentiment d’injustice. La proposition du PCF s’inscrit donc à la fois dans une logique de réparation du préjudice et dans une démarche plus globale de contrôle des prix à la pompe sur l’île.

Une amende de 187,5 millions d’euros pour entente sur les carburants en Corse

L’Autorité de la concurrence a infligé une sanction de 187,5 millions d’euros à deux sociétés du groupe Rubis, à TotalEnergies Marketing France et à EG Retail pour des pratiques d’entente dans la distribution de carburants routiers en Corse. Selon la décision rappelée par Corse Net Infos, ces comportements ont constitué une pratique anticoncurrentielle pouvant écarter certains concurrents du marché et entraîner un renchérissement des prix pour le consommateur à la pompe. Cette affaire met en lumière la fragilité d’un marché insulaire où peu d’acteurs structurent l’offre de carburant.

Pour le PCF, cette sanction ne doit pas rester abstraite. Le parti estime que les automobilistes corses ont été les « premières victimes » de ces pratiques et que l’amende doit avoir un effet concret sur leur pouvoir d’achat. L’idée est donc de rapprocher directement la sanction financière des préjudices subis par les ménages insulaires, plutôt que de laisser cette somme se dissoudre dans le budget général.

Des chèques carburant pour chaque foyer insulaire

Lors d’une conférence de presse organisée à Bastia, le PCF a détaillé sa proposition : convertir la totalité de l’amende en chèques carburant distribués à chaque foyer de l’île. Le parti avance un ordre de grandeur de 1 500 € par ménage, ce qui constituerait une forme de réparation pour les années durant lesquelles les prix à la pompe ont été artificiellement élevés. Cette redistribution serait ciblée sur les résidents corses, considérés comme directement concernés par les pratiques mises en cause.

Cette mesure aurait un double objectif. D’abord, elle fournirait une bouffée d’oxygène immédiate aux budgets des ménages, alors que les dépenses de mobilité pèsent lourd sur le revenu disponible. Ensuite, elle enverrait un signal politique fort en montrant que les sanctions prononcées par l’autorité de régulation peuvent se traduire par un retour tangible vers les citoyens. Pour appuyer cette revendication, le PCF a lancé une pétition afin de mobiliser l’opinion publique et de soutenir la demande de redistribution intégrale du montant de l’amende.

Appliquer un dispositif type décret Lurel pour encadrer les prix

Au-delà de la seule question des chèques carburant, le PCF souhaite inscrire cette affaire dans un combat plus large contre la vie chère sur l’île. Le parti propose notamment de s’inspirer du décret Lurel, qui encadre déjà le prix des carburants dans les territoires ultramarins, afin de disposer d’un outil de blocage et de baisse des prix à la pompe. Pour ses responsables, l’expérience de ces territoires montre qu’une régulation spécifique peut limiter les excès dans des marchés étroits et fortement dépendants d’un petit nombre d’opérateurs.

Cette piste est toutefois contestée par le gouvernement. À l’Assemblée nationale, le député Paul-André Colombani a interrogé le ministre chargé des PME, du Commerce et de l’Artisanat sur la possibilité de réguler les prix des carburants en Corse à l’image de ce qui se fait Outre-mer. Il a rappelé que la régulation est déjà la règle dans plusieurs territoires insulaires ultramarins et qu’elle a montré son efficacité pour maîtriser les tarifs, malgré des contraintes logistiques souvent plus lourdes qu’en Corse.

Une réponse gouvernementale jugée insuffisante par le PCF

En réponse, le ministre a estimé que la situation corse n’était pas comparable à celle des Outre-mer. Il a mis en avant trois facteurs pour expliquer les prix plus élevés sur l’île : des surcoûts liés à la géographie, une forte saisonnalité des ventes et l’absence de stations-service adossées à des grandes et moyennes surfaces, qui limite le niveau de concurrence. Pour l’exécutif, ces éléments expliqueraient une partie de l’écart observé, sans nécessiter un dispositif identique au décret Lurel.

Cette position ne satisfait pas le PCF. Le parti considère que la situation actuelle résulte d’un désintérêt prolongé des pouvoirs publics pour la question du coût de la vie en Corse et rappelle que des dispositifs de solidarité nationale existent justement pour compenser les handicaps d’insularité. Les responsables communistes demandent que la lumière soit faite sur la formation des prix et sur le fonctionnement global de la chaîne d’approvisionnement en carburants sur l’île.

Réfactions de TVA et surmarges : une transparence jugée insuffisante

Le PCF met également en avant le dossier des réfactions de TVA. Ces aménagements fiscaux, censés compenser le surcoût lié à l’insularité, réduisent de plusieurs points le taux de TVA applicable aux carburants en Corse par rapport au continent. Or, malgré cet avantage théorique, les prix à la pompe demeurent souvent plus élevés sur l’île que sur le reste du territoire national. Cette situation interroge sur la façon dont le bénéfice fiscal est réellement répercuté aux consommateurs.

Les responsables communistes rappellent que l’Inspection générale des finances a déjà mis en évidence un mécanisme de surmarges sur le marché corse des carburants. Dans ce contexte, ils jugent indispensable de vérifier si les réfactions de TVA profitent bien aux usagers ou si une partie de cet avantage est captée au niveau des intermédiaires. Pour le PCF, il est impératif de disposer de données claires sur les marges et de renforcer les contrôles afin de s’assurer que les dispositifs de solidarité nationale remplissent leur objectif.

Un test pour la régulation des marchés insulaires de l’énergie

L’affaire de l’entente sur les carburants en Corse et la sanction de 187,5 millions d’euros constituent un test pour la manière dont l’État traite les marchés insulaires de l’énergie. Pour le PCF, l’enjeu est de transformer une décision de l’Autorité de la concurrence en acte concret de justice sociale, en orientant directement la somme vers les familles corses. Pour le gouvernement, la question est de trouver un équilibre entre reconnaissance des spécificités géographiques et cohérence globale des politiques de prix sur l’ensemble du territoire.

Dans tous les cas, ce débat met en avant la nécessité d’une information claire sur la formation des prix du carburant en Corse, sur le rôle des différents intermédiaires et sur l’usage des outils de régulation existants. Il renforce aussi l’intérêt, pour les automobilistes, de suivre de près l’évolution des tarifs et de comparer les stations pour réduire la facture à la pompe, que ce soit sur l’île ou sur le continent.

 

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