Le 28 août 2025, le Brésil a lancé une vaste opération visant à frapper le crime organisé au cœur de la filière des carburants. Selon les autorités, près de 1 400 agents ont été mobilisés dans une dizaine d’États, dont Rio de Janeiro et São Paulo.
Le président Luiz Inácio Lula da Silva a salué sur X « la plus grande riposte de l’État brésilien contre le crime organisé de notre histoire ». Des perquisitions ont notamment eu lieu sur l’avenue Faria Lima, centre financier stratégique de São Paulo.
Une chaîne entière infiltrée
L’enquête montre que le réseau illégal s’étendait sur l’ensemble de la chaîne : importation, production, distribution et vente aux consommateurs. Plus de 1 000 stations-service présentaient des irrégularités dans dix États, révélant l’ampleur du phénomène.
Le fisc brésilien estime que 52 milliards de réais (soit près de 8 milliards d’euros) ont circulé via ce système entre 2020 et 2024, transitant par une quarantaine de fonds d’investissement suspects.
Pour brouiller les pistes, les fonds étaient transférés dans des fintechs plutôt que dans des banques classiques. Une plateforme en particulier a enregistré près de 11 000 dépôts en espèces douteux entre 2022 et 2023, jouant ainsi le rôle d’une banque parallèle.
Un réseau criminel structuré : le PCC
Le parquet de São Paulo a désigné le Premier commando de la capitale (PCC) comme acteur central du dispositif. Né dans les prisons de São Paulo, ce gang puissant est aussi lié à la mafia calabraise \'Ndrangheta.
Une partie du système reposait sur la vente de carburant frelaté produit à partir de méthanol, une substance hautement toxique et inflammable, générant des profits considérables pour l’organisation criminelle.
L’opération a déjà conduit à l’arrestation de cinq personnes. Les autorités ont également saisi un patrimoine illégal impressionnant : environ 1 500 véhicules, 192 biens immobiliers, deux bateaux et 300 000 réais en liquide (près de 47 000 €).
Un défi économique et sécuritaire
Pour le gouvernement brésilien, cette opération est un signal fort contre l’influence du crime organisé dans l’économie légale. Le blanchiment massif dans les carburants illustre à quel point les organisations criminelles, comme le PCC, s’enracinent dans les circuits financiers et commerciaux.
Cette opération, par son ampleur, constitue une étape majeure dans l’assainissement de la filière énergétique au Brésil. Elle met en évidence la nécessité d’un contrôle renforcé des flux financiers et d’une coopération accrue entre fiscalité, justice et sécurité publique.
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