Biocarburants à base de plastique : une solution explorée en Afrique qui suscite le débat

Publié le 26/06/2025 dans News

Un procédé innovant testé en Afrique

En Afrique de l’Ouest et dans certaines régions d’Afrique centrale, plusieurs initiatives tentent de transformer les déchets plastiques en carburants alternatifs, rapporte l'agence Ecofin. Ces projets s’appuient sur un procédé appelé pyrolyse, une technique de chauffage des plastiques en l’absence d’oxygène, permettant de produire un liquide assimilable à du diesel ou à du kérosène. Parmi les acteurs identifiés, certaines start-ups locales et ONG environnementales expérimentent ces solutions comme une double réponse : d’une part, à la pollution plastique croissante, et d’autre part, à la dépendance énergétique coûteuse pour les pays importateurs de carburants.

Une réponse locale à des enjeux globaux

Ce procédé pourrait permettre de valoriser les déchets plastiques non recyclables tout en produisant un carburant utilisable localement dans les transports, les groupes électrogènes ou l’agriculture. Dans un continent où l’accès à l’énergie reste inégal, ces biocarburants représentent un espoir d’autonomie pour certaines communautés isolées. De plus, ces carburants dérivés de déchets entrent dans la catégorie des “carburants de substitution” et peuvent s’inscrire dans la logique d’une économie circulaire, ce qui séduit certains investisseurs et acteurs de l’économie verte.

Mais une piste controversée

Toutefois, plusieurs experts pointent les limites et les risques de cette technologie. Le terme « biocarburant » appliqué à des combustibles issus de plastique est lui-même sujet à controverse : le plastique étant un dérivé du pétrole, le qualifier de “bio” pose un problème sémantique et réglementaire. D’un point de vue environnemental, la pyrolyse nécessite des températures élevées (souvent supérieures à 400°C), impliquant une consommation d’énergie qui n’est pas toujours compensée par le rendement obtenu. De plus, les résidus et gaz issus du procédé peuvent être polluants si mal gérés, ce qui est souvent le cas dans les installations artisanales.

Un cadre réglementaire inexistant ou flou

À l’heure actuelle, très peu de pays africains disposent d’un cadre légal clair pour encadrer la production et l’usage de ces carburants issus du plastique. Cela ouvre la voie à des pratiques non sécurisées, voire frauduleuses, avec des carburants de mauvaise qualité mis sur le marché sans contrôle. Des ONG internationales, comme GAIA (Global Alliance for Incinerator Alternatives), alertent sur les risques sanitaires, notamment l’exposition à des polluants organiques persistants (POP) lors de la combustion de ces carburants dans des moteurs non adaptés.

Vers une filière durable et encadrée ?

Si la piste des biocarburants plastiques est prometteuse pour certains pays du Sud, elle nécessitera un fort accompagnement technique, une normalisation des procédés, ainsi qu’un soutien institutionnel pour éviter les dérives. Il est aussi essentiel de ne pas détourner les politiques de gestion des déchets vers des logiques uniquement axées sur la valorisation énergétique au détriment du recyclage ou de la réduction à la source. Des projets pilotes, comme ceux au Ghana ou au Nigeria, sont aujourd’hui suivis de près par les institutions internationales pour évaluer leur impact énergétique, économique et environnemental.

Et en Europe ?

En France et dans l’Union européenne, de telles approches sont strictement encadrées. La priorité est donnée au recyclage des plastiques, et les biocarburants reconnus doivent provenir de matières premières renouvelables, comme les huiles usagées ou les résidus agricoles. Le plastique fossile n’est pas considéré comme une ressource « durable ». Pour en savoir plus sur les carburants d’origine non conventionnelle, vous pouvez consulter notre dossier sur les carburants alternatifs en développement.

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