Le carburant d’aviation durable (SAF) au cœur de la transition énergétique
Le secteur aérien mondial, responsable d’environ 2 à 3 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, est sous pression pour réduire son empreinte carbone. En 2025, le carburant d’aviation durable (SAF, pour Sustainable Aviation Fuel) pourrait franchir un cap stratégique, tant sur le plan technologique qu’économique. Les SAF, produits à partir de biomasse, de déchets organiques ou de procédés de synthèse bas carbone, offrent une réduction potentielle des émissions allant jusqu’à 80 % par rapport au kérosène fossile, selon les conditions de production. Mais leur part reste aujourd’hui marginale dans les approvisionnements des compagnies aériennes.
2025 : l’année charnière pour le SAF
Selon une analyse publiée par Environment + Energy Leader, l’année 2025 pourrait représenter un tipping point pour le SAF. Plusieurs facteurs convergent :
- De nouveaux cadres réglementaires entrent en vigueur, notamment en Europe avec le règlement ReFuelEU Aviation imposant un taux minimal de SAF dans les carburants aéronautiques.
- Les engagements des compagnies aériennes se traduisent par des contrats pluriannuels d’approvisionnement en carburants alternatifs, à l’image de ceux signés récemment par Lufthansa, Air France-KLM ou United.
- Le financement privé et public s’accélère pour soutenir les projets industriels de production de SAF à grande échelle.
En clair, le secteur pourrait passer d’une phase expérimentale à une dynamique de marché, avec des volumes en forte croissance à partir de 2025.
Des obstacles encore majeurs : coûts, infrastructure et traçabilité
Malgré cet élan, les défis restent considérables : 1. Le prix élevé du SAF – Aujourd’hui, le coût d’un litre de SAF est 2 à 5 fois supérieur à celui du kérosène classique. Cette différence freine sa généralisation, notamment pour les compagnies à bas coûts. 2. Le manque d’infrastructures – Les aéroports doivent adapter leurs systèmes logistiques pour intégrer les SAF dans leurs chaînes d’avitaillement. Ce chantier logistique est encore peu avancé, notamment en dehors des hubs internationaux. 3. La transparence et la traçabilité – De plus en plus d’acteurs exigent une traçabilité complète des sources de biomasse ou d’hydrogène utilisés pour produire les SAF. La certification durable devient un enjeu central, comme le montre le projet européen E-CHO sur les e-carburants.
Un soutien politique crucial pour atteindre les objectifs climatiques
Les gouvernements ont un rôle décisif à jouer pour faire décoller le marché : – En Europe, le règlement ReFuelEU Aviation fixe un objectif de 2 % de SAF en 2025, 6 % en 2030, jusqu’à 70 % en 2050. – Aux États-Unis, l’Inflation Reduction Act prévoit des crédits d’impôt pour le SAF, avec un impact déjà mesurable sur les projets en cours. – L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a adopté le programme CORSIA qui incite les compagnies à compenser ou réduire leurs émissions à partir de 2027. Ce cadre réglementaire est conçu pour envoyer un signal clair aux investisseurs et industriels : les carburants durables sont désormais une priorité de politique publique.
Les industriels s’organisent pour répondre à la demande
Les grands groupes énergétiques – TotalEnergies, Neste, Shell, Repsol – investissent massivement dans les capacités de production de SAF. Plusieurs sites sont déjà en construction ou en phase pilote, en Europe comme aux États-Unis. Certains acteurs spécialisés développent des technologies de SAF de seconde génération (à base de CO₂ recyclé, d’hydrogène vert ou de déchets non alimentaires), qui devraient être compétitifs d’ici 2030.
Une mutation inévitable du secteur aérien
La montée en puissance des SAF s’inscrit dans une transition plus large du transport aérien : – Modernisation des flottes avec des avions plus sobres (Airbus A320neo, Boeing 737 MAX). – Électrification partielle des avions régionaux à horizon 2035. – Nouvelle gestion des routes aériennes pour limiter les temps de vol inutiles. Le SAF est donc un pilier de cette stratégie globale. Mais pour passer de 0,1 % à 10 % ou 50 % d’ici quelques décennies, l’ensemble de la chaîne de valeur doit évoluer : production, distribution, réglementation, financement.
Et en France ?
La France soutient le SAF à travers plusieurs leviers : – Appel à projets dans le cadre de France 2030 ; – Financement de démonstrateurs industriels (comme celui de TotalEnergies à Grandpuits) ; – Coopérations internationales (notamment avec le Canada et le Japon sur les e-fuels). Rappelons que la plateforme prix-carburant.eu permet de suivre les évolutions du secteur carburant, y compris les prix et types de carburants alternatifs.
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