Un revirement stratégique de l'Arabie saoudite
Depuis plusieurs années, l'Arabie saoudite a joué un rôle clé dans la régulation des prix du pétrole en menant des réductions de production au sein de l'OPEP+.
Cependant, des sources proches du dossier indiquent que le royaume envisage désormais de produire davantage, même si cela entraîne une baisse des prix. Cette décision serait motivée par la frustration face à certains membres de l'OPEP+, comme le Kazakhstan et l'Irak, qui dépassent régulièrement leurs quotas de production.
En mai, l'Arabie saoudite a poussé pour une augmentation de la production plus importante que prévu, contribuant à faire chuter les prix du pétrole en dessous de 60 dollars le baril, un niveau inédit depuis quatre ans.
Conséquences économiques pour le royaume
Cette stratégie comporte des risques pour l'économie saoudienne. Selon le Fonds monétaire international, le royaume a besoin d'un prix du pétrole supérieur à 90 dollars le baril pour équilibrer son budget.
La baisse des prix pourrait donc entraîner une réduction des recettes publiques, obligeant le gouvernement à augmenter son endettement et à réduire ses dépenses, notamment en reportant certains projets majeurs.
Objectifs géopolitiques et économiques
En adoptant cette nouvelle approche, l'Arabie saoudite pourrait chercher à punir les membres de l'OPEP+ qui ne respectent pas leurs quotas et à regagner des parts de marché face à des producteurs non membres de l'organisation, comme les États-Unis et le Guyana.
Cette stratégie rappelle celle de 2014, lorsque le royaume avait inondé le marché pour affaiblir les producteurs de pétrole de schiste américains.
Réactions au sein de l'OPEP+
Cette décision saoudienne pourrait provoquer des tensions au sein de l'OPEP+. La Russie, deuxième plus grand exportateur du groupe, préférerait une augmentation plus progressive de la production.
Une réunion de l'OPEP+ est prévue en juin pour discuter d'une éventuelle accélération des hausses de production. Actuellement, l'organisation retient plus de 5 millions de barils par jour du marché, soit environ 5 % de l'offre mondiale.
Impact sur le marché mondial
La perspective d'une augmentation de la production saoudienne a déjà eu des effets sur le marché. Les prix du Brent ont chuté à 61 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate est tombé à 58,09 dollars, son niveau le plus bas depuis mars 2021.
Cette baisse est également alimentée par des inquiétudes concernant la contraction de l'économie américaine et la faiblesse de la demande en Inde.
L'Arabie saoudite semble déterminée à poursuivre cette stratégie, malgré les risques pour son économie. Le royaume pourrait devoir retarder ou réduire certains projets phares de son plan Vision 2030, qui vise à diversifier son économie.
Cependant, les autorités saoudiennes restent confiantes dans leur capacité à atteindre leurs objectifs, grâce à un faible ratio dette/PIB et à la confiance des investisseurs.