Face à une chute des prix du pétrole, l'Angola se prépare à affronter des défis budgétaires majeurs. Selon Vera Daves de Sousa, ministre des Finances, le pays pourrait solliciter un programme d'assistance financière du Fonds monétaire international (FMI) pour stabiliser ses finances publiques.
Stress tests en réponse aux tensions pétrolières
Présente aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, Vera Daves de Sousa a confirmé à Reuters que l'Angola mène actuellement des tests de résistance budgétaire. Ces scénarios évaluent l'impact d'une baisse durable des cours du Brent, tombés récemment sous 60 dollars le baril pour la première fois depuis quatre ans.
Le budget 2025 angolais repose sur une hypothèse de 70 dollars par baril. Or, une chute vers 45 dollars obligerait le gouvernement à adopter un budget rectificatif et à réduire certaines dépenses. Des mesures d'amélioration de la collecte fiscale, notamment sur la propriété, sont également envisagées pour compenser la baisse des recettes pétrolières.
Vulnérabilité accrue aux marchés financiers
La dépréciation des obligations souveraines angolaises, combinée à la volatilité des marchés américains, a déjà eu des conséquences concrètes. Début avril, le pays a dû mobiliser 200 millions de dollars pour répondre à une appel de marge émis par JPMorgan sur un prêt adossé à des obligations d'État. Un incident qui, selon la ministre, n'a pas détérioré la confiance des agences de notation ni des investisseurs.
Des discussions sont en cours avec JPMorgan pour éviter à l'avenir de tels appels de marge, qui fragilisent la trésorerie nationale.
Un recours au FMI de plus en plus probable
Si la décision finale n'est pas encore prise, Vera Daves de Sousa reconnaît qu'un nouveau programme du FMI devient une option de plus en plus envisageable. L'objectif serait de sécuriser les finances publiques face à une conjoncture pétrolière et financière incertaine.
L'Angola avait déjà bénéficié d'une assistance du FMI entre 2018 et 2021, ce qui avait permis de renforcer la discipline budgétaire. Un nouvel accord offrirait un filet de sécurité supplémentaire en 2025.
La dette envers la Chine en voie de réduction
Autre enjeu de taille : le remboursement de la dette contractée auprès de la Chine, adossée en partie aux recettes pétrolières. Selon la ministre, l'Angola ambitionne de solder ces engagements d'ici 2028, soit plus tôt que prévu. De nouveaux emprunts sont néanmoins en cours auprès de la Banque d'import-export de Chine (EXIM Bank), destinés à financer des projets éducatifs et de développement numérique sans garanties pétrolières.
Un accès aux marchés internationaux en attente
Malgré une volonté affirmée de retourner sur les marchés obligataires internationaux, Vera Daves de Sousa a indiqué que le contexte actuel, marqué par la hausse des taux d'intérêt, n'était pas propice à une émission obligataire immédiate. « Nous voulons être prêts lorsque la fenêtre s'ouvrira », a-t-elle précisé.
Infrastructures stratégiques : le corridor ferroviaire de Lobito
Enfin, la ministre a salué l'engagement renouvelé des États-Unis en faveur du financement du projet de corridor ferroviaire de Lobito, visant à faciliter l'exportation des minerais critiques depuis la Copperbelt vers la côte Atlantique. Ce projet stratégique pourrait à terme diversifier l'économie angolaise, encore trop dépendante du pétrole.
Source : Reuters.
Pour en savoir plus sur l'impact des marchés de l'énergie, consultez notre section Actualités carburant ou découvrez nos analyses détaillées.