Algérie : le projet BAHY convertit les bus diesel à l’hydrogène

Les autorités algériennes viennent d’annoncer une étape importante dans leur stratégie de transition énergétique : le lancement du projet BAHY, un programme de rétrofit consistant à convertir des bus fonctionnant au diesel en véhicules alimentés à l’hydrogène. Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de décarboner les transports publics, un secteur particulièrement énergivore et polluant dans les grandes agglomérations algériennes.

Contexte : l’Algérie face au défi énergétique et climatique

Pays riche en hydrocarbures, l’Algérie reste très dépendante du pétrole et du gaz, tant pour sa consommation intérieure que pour ses exportations. Mais cette dépendance entraîne de lourds impacts économiques et environnementaux. Dans les grandes villes comme Alger, Oran ou Constantine, le transport routier constitue l’une des principales sources de pollution atmosphérique, avec des bus urbains souvent anciens, fonctionnant au gazole subventionné.

Dans ce contexte, le gouvernement cherche à diversifier son mix énergétique et à promouvoir des solutions innovantes. L’hydrogène, notamment l’hydrogène vert produit à partir d’énergies renouvelables, apparaît comme une alternative crédible. Le pays dispose d’atouts majeurs pour se positionner dans cette filière : ensoleillement abondant, potentiel solaire et éolien considérable, et proximité avec l’Europe, où la demande en hydrogène décarboné est en forte croissance.

Le projet BAHY : convertir un bus diesel à l’hydrogène

C’est le 31 août 2025 que Kamel Baddari, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a officialisé le lancement du projet via ses canaux de communication. Baptisé BAHY, ce programme vise à rétrofiter un bus diesel en le transformant pour qu’il fonctionne grâce à un moteur à combustion alimenté par de l’hydrogène.

Il s’agit d’un projet pilote de recherche et développement, mené en partenariat avec des institutions académiques et soutenu par l’État. L’ambition est double : tester la faisabilité technique du rétrofit hydrogène dans le contexte algérien et démontrer que cette solution peut être appliquée à une flotte plus large de véhicules de transport collectif.

Un calendrier encore flou mais une ambition claire

Pour l’heure, peu de détails ont filtré sur la partie technique du projet. On ignore encore si le rétrofit consistera à modifier un moteur diesel existant pour lui permettre de brûler un mélange hydrogène/diesel, ou s’il s’agira d’un remplacement complet par un bloc moteur hydrogène de nouvelle génération. De même, aucun calendrier précis n’a été communiqué concernant les tests et le déploiement éventuel sur d’autres véhicules.

Cependant, les autorités ont laissé entendre que ce premier prototype pourrait ouvrir la voie à un programme national plus ambitieux. L’objectif serait alors de verdir progressivement le parc de bus urbains, tout en développant un savoir-faire local dans le domaine du rétrofit énergétique.

Pourquoi miser sur l’hydrogène ?

Le choix de l’hydrogène n’est pas anodin. Cette molécule est au cœur de la stratégie énergétique algérienne. Le pays ambitionne en effet de devenir un fournisseur majeur d’hydrogène vert pour l’Europe, grâce à ses capacités de production solaire et éolienne. Mais au-delà de l’export, l’hydrogène représente aussi une solution pertinente pour le marché domestique.

• Écologique : zéro émission de CO₂ lors de la combustion, réduction des particules fines et des oxydes d’azote.
• Économique : possibilité de produire localement un hydrogène compétitif, réduisant la dépendance aux importations de gasoil.
• Stratégique : alignement avec les objectifs mondiaux de décarbonation des transports, et opportunité de créer une filière industrielle nationale.

Le rétrofit comme alternative à l’achat de véhicules neufs

L’un des principaux avantages du rétrofit réside dans sa capacité à prolonger la durée de vie des véhicules existants. Plutôt que de renouveler intégralement le parc en important des bus à hydrogène neufs – un investissement particulièrement coûteux – il devient possible de convertir progressivement les bus déjà en circulation.

Ce choix présente plusieurs atouts :

• Réduction immédiate des émissions dans les grandes villes.
• Optimisation des coûts en évitant le remplacement total des flottes.
• Création de compétences locales dans l’ingénierie et la mécanique de conversion.
• Rapidité de déploiement si le projet est industrialisé.

L’Algérie rejoindrait ainsi d’autres pays qui testent le rétrofit hydrogène comme solution pragmatique, capable de combiner durabilité et maîtrise des coûts.