Le retour de Donald Trump sur la scène politique américaine s'accompagne de propositions budgétaires à contre-courant des politiques climatiques actuelles. Dans son projet de budget pour 2025, l’ancien président américain propose de réduire massivement les fonds alloués à l'Agence de protection de l'environnement (EPA), ainsi qu’aux programmes fédéraux de soutien à l’énergie renouvelable et à l’agriculture durable.
Des coupes sévères dans l’énergie propre
Selon le projet publié début mai, les investissements dans les énergies vertes – éolien, solaire, biomasse – seraient ramenés à une fraction de leurs montants actuels. Cette orientation reflète la vision de Donald Trump sur l’énergie : privilégier les combustibles fossiles comme le pétrole, le gaz naturel ou le charbon, qu’il considère comme plus fiables économiquement et stratégiquement.
Le document budgétaire évoque explicitement le désengagement de l’État fédéral dans les subventions à la transition énergétique, jugées trop coûteuses et « peu efficaces ». En revanche, il soutient des projets liés à la production nationale de combustibles traditionnels.
L’EPA dans le viseur du camp républicain
L’Environmental Protection Agency, qui joue un rôle central dans la régulation des émissions polluantes et la préservation de la qualité de l’air et de l’eau, verrait son budget amputé de plus de 30 %. Cette décision s’inscrit dans la continuité des attaques menées par Trump contre cette institution durant son précédent mandat (2017-2021).
Pour les défenseurs de l’environnement, cette baisse des moyens pourrait gravement freiner les actions de contrôle des industries polluantes, alors même que les effets du changement climatique se multiplient sur le territoire américain : sécheresses prolongées, incendies, inondations…
Le monde agricole également impacté
Autre cible du projet de budget : le département de l’Agriculture. Les programmes favorisant les pratiques durables (réduction des pesticides, gestion de l’eau, diversification des cultures) seraient largement diminués. Une mesure critiquée par plusieurs syndicats agricoles qui y voient une remise en cause des efforts menés depuis plusieurs années pour moderniser les exploitations face au réchauffement climatique.
Certaines aides aux biocarburants, pourtant soutenues par des États traditionnellement républicains comme l’Iowa, pourraient également disparaître, au profit des cultures destinées aux marchés conventionnels.
Un contraste avec les objectifs climatiques mondiaux
Cette orientation budgétaire va à rebours des engagements pris par les États-Unis dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat et des promesses de neutralité carbone formulées par l’administration Biden. Alors que la planète connaît une augmentation record des températures, plusieurs experts s’inquiètent d’un retour en arrière sur la scène climatique internationale.
En comparaison, l’Union européenne continue de renforcer ses objectifs de décarbonation, et même en Chine, les investissements dans l’énergie solaire et éolienne sont en forte progression.
Une question de vision politique
Le projet de Donald Trump traduit une conception très différente de la place de l’État dans la transition énergétique. Là où certains prônent un rôle moteur de l’État pour guider l’économie vers un modèle bas-carbone, Trump privilégie une approche de marché et de souveraineté énergétique, même au prix de l’abandon des mécanismes de soutien aux énergies propres.
Cette annonce intervient dans un contexte électoral tendu, à quelques mois des présidentielles américaines de novembre 2025. Elle vise probablement à rallier une partie de l’électorat rural et industriel, souvent sceptique vis-à-vis des réglementations environnementales jugées contraignantes.
Quel impact global pour les prix de l’énergie ?
Si cette politique venait à être appliquée, elle pourrait modifier les équilibres énergétiques mondiaux. Un retour massif aux énergies fossiles aux États-Unis pourrait entraîner une hausse de la production de pétrole et de gaz, avec une influence sur les prix du carburant à l’échelle internationale. Une évolution à surveiller, notamment pour les consommateurs français.