Une nouvelle taxe carbone à l’échelle européenne
Dès 2027, l’Union européenne introduira un second marché du carbone (ETS 2) qui concernera directement les carburants pour les véhicules et les combustibles de chauffage. Contrairement au premier système (ETS 1) réservé aux grandes industries polluantes, le système ETS 2 touchera tous les citoyens.
Ce mécanisme vise à faire payer aux fournisseurs d’énergie une redevance carbone proportionnelle aux émissions générées. In fine, cette taxe sera répercutée sur les factures des particuliers, tant pour le chauffage que pour les carburants fossiles comme le gazole ou l’essence.
Jusqu’à 400 €/an pour un ménage belge : des chiffres qui inquiètent
Selon les estimations publiées par L’Echo, un ménage belge pourrait voir sa facture annuelle augmenter de 250 à 400 euros d’ici 2030 en raison de cette taxe. Cette fourchette dépendra :
- du prix de la tonne de CO₂ sur le marché ETS 2 (estimée entre 45 et 120 €/tonne),
- de la consommation énergétique du foyer (voiture, chauffage, etc.),
- et de l’évolution du mix énergétique utilisé.
Par exemple, un foyer chauffé au gaz et roulant régulièrement en voiture diesel serait davantage impacté qu’un ménage utilisant une pompe à chaleur ou une voiture électrique.
Une compensation financière via le « Fonds social pour le climat »
Pour limiter les effets sociaux de cette nouvelle taxation, l’Union européenne prévoit de créer un Fonds social pour le climat, doté de plus de 86 milliards d’euros. La Belgique recevrait une enveloppe de 1,3 milliard d’euros sur plusieurs années.
Ce fonds permettrait de financer :
- des aides directes aux ménages les plus modestes,
- des subventions pour des travaux d’isolation ou de rénovation énergétique,
- des incitants à l’achat de véhicules propres.
Cependant, le gouvernement belge n’a pas encore présenté de plan précis pour la répartition de ces aides. Plusieurs ONG craignent que les plus fragiles ne soient pas suffisamment protégés à court terme.
Quelles conséquences sur les prix à la pompe ?
L’un des secteurs les plus directement touchés sera celui du transport routier individuel. Dès l’introduction de l’ETS 2, les prix des carburants pourraient augmenter de 10 à 15 centimes par litre, selon les experts.
Un automobiliste moyen, parcourant 15 000 km par an avec une voiture essence, pourrait débourser entre 150 et 200 € supplémentaires par an à la pompe. Ces projections viendraient s’ajouter aux hausses structurelles liées aux tensions géopolitiques ou aux taxes nationales.
Rappelons que les prix du carburants en Belgique sont plafonnés.
Transition énergétique : entre fiscalité verte et acceptabilité sociale
L’instauration de cette taxe carbone s’inscrit dans le cadre du plan Fit for 55 visant à réduire de 55 % les émissions de CO₂ d’ici 2030 dans l’UE. L’idée est d’encourager un changement de comportement par le signal prix.
Mais cette stratégie soulève de nombreuses interrogations :
- Peut-on rendre la transition acceptable pour les classes moyennes ?
- Comment éviter une crise sociale similaire aux « gilets jaunes » ?
- Le système ETS 2 sera-t-il efficace ou trop complexe à mettre en œuvre ?
Les experts rappellent que sans accompagnement, une taxe carbone peut aggraver les inégalités. À l’inverse, si les recettes sont redistribuées de manière ciblée, elle peut encourager la sobriété énergétique.
La France et la Belgique dans le viseur
Deux des pays les plus sensibles à cette réforme sont la France et la Belgique, où la part des énergies fossiles dans le chauffage reste importante. Le gaz, notamment, reste prédominant dans de nombreuses habitations. De même, les voitures thermiques représentent encore l’essentiel du parc roulant.
Les autorités devront donc composer avec un double défi :
- accompagner les ménages vers l’électrification,
- tout en limitant la pression fiscale dans un contexte d’inflation.
Que peuvent faire les citoyens dès aujourd’hui ?
En attendant l’entrée en vigueur du mécanisme en 2027, plusieurs mesures individuelles sont déjà possibles :
- Évaluer la consommation annuelle de carburant via un simulateur de coût de trajet ;
- Comparer les carburants alternatifs comme l’E85, le GPLc ou l’électrique ;
- Planifier les rénovations énergétiques via les primes régionales ;
- Se renseigner sur les aides européennes à venir.
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