Le gouvernement américain prévoit de réviser une règle phare datant de l’ère Biden, qui impose aux compagnies pétrolières et gazières de fournir des garanties financières importantes pour couvrir les coûts de démantèlement des plateformes offshore. Cette décision a été annoncée par le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) le 2 mai 2025, avec l’intention de proposer une nouvelle version de la règle d’ici l’automne prochain.
Retour sur la réglementation de 2023
En 2023, l’administration Biden avait adopté une mesure imposant aux opérateurs de forages en mer de fournir des garanties de plusieurs centaines de millions de dollars pour éviter que les contribuables ne soient mis à contribution en cas d’abandon de plateformes non démantelées. Cette règle visait à s’assurer que les entreprises assumaient pleinement leurs responsabilités environnementales et financières.
Environ 80 % des titres de forage offshore américains sont détenus par des entreprises jugées "à risque" selon les critères du BOEM. La réforme initiale concernait près de 400 opérateurs, dont certains géants du secteur comme Chevron, ExxonMobil ou Talos Energy.
Une pression croissante de l’industrie pétrolière
Depuis son entrée en vigueur, la mesure a été fortement contestée par l’industrie. Plusieurs acteurs majeurs, notamment l’Offshore Operators Committee, ont déposé des recours, arguant que la règle actuelle entrave les investissements et menace la viabilité économique de projets offshore en eaux peu profondes, notamment dans le golfe du Mexique.
Les producteurs réclament une approche plus flexible, qui tienne compte de leur historique de conformité et de leur solidité financière. Ils estiment que la règle de 2023 pénalise les entreprises respectueuses des normes environnementales au même titre que celles présentant un risque accru d’abandon de puits.
Vers un allègement des obligations ?
La révision annoncée par le BOEM devrait tenir compte de ces critiques. L’agence prévoit de publier un nouveau projet de règle à l’automne 2025, après une période de consultation avec les acteurs concernés. Les modifications pourraient inclure une évaluation plus fine du risque financier des entreprises, une différenciation entre les types de titres et une révision des montants exigés.
Si l’objectif affiché est de trouver un juste équilibre entre la protection de l’environnement et le développement économique, plusieurs ONG environnementales redoutent un recul des garanties environnementales. « Réduire les obligations financières, c’est exposer les contribuables au risque de payer pour les erreurs des compagnies », alerte un porte-parole du Natural Resources Defense Council.
Quels impacts pour le marché énergétique ?
Cette réforme intervient dans un contexte de pression accrue sur les prix de l’énergie et de volonté politique de renforcer l’indépendance énergétique américaine. En allégeant les contraintes pesant sur les opérateurs offshore, le gouvernement espère relancer certains projets jugés trop coûteux sous la réglementation actuelle.
Cependant, cela pourrait aussi accroître la concurrence entre les majors pétrolières américaines et les nouveaux entrants, souvent plus vulnérables financièrement. À moyen terme, la réforme pourrait donc redessiner la cartographie des investissements offshore et influencer l’approvisionnement énergétique intérieur.
Une décision qui pourrait inspirer d'autres pays
Cette évolution réglementaire est scrutée de près par d’autres nations disposant d’exploitations pétrolières offshore, notamment au Brésil, au Royaume-Uni et en Norvège. Dans un contexte mondial de transition énergétique, le niveau d’exigence en matière de garanties environnementales reste un signal fort envoyé aux investisseurs et à la société civile.
Pour la France, dont la stratégie énergétique vise à réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées, cette actualité rappelle l’importance de surveiller les dynamiques globales du marché du pétrole. Elle interpelle aussi sur le rôle des incitations financières et réglementaires dans la transformation du secteur énergétique.