Québec abolit le prix plancher de l’essence après 28 ans

Publié le 10/06/2025 dans News

Québec abolit le prix plancher de l’essence après 28 ans : quels impacts pour les automobilistes ?

Depuis le 1er juin 2025, le gouvernement du Québec a mis fin à un dispositif vieux de près de trois décennies : le prix plancher du carburant. Cette mesure, censée protéger les petits détaillants contre la concurrence féroce des grandes surfaces, empêchait toute vente d’essence en dessous d’un seuil minimal fixé par la Régie de l’énergie. Sa disparition pourrait modifier en profondeur le marché québécois du carburant.

Qu’est-ce que le prix plancher de l’essence ?

Le prix plancher était un mécanisme imposant un tarif minimal pour le litre d’essence, calculé selon plusieurs facteurs : le coût du pétrole brut, les frais de transport, la marge minimale pour les détaillants, et les taxes. Au Québec, cette mesure a été instaurée en 1997 pour préserver un équilibre entre les acteurs de la distribution, notamment dans les régions rurales où les marges étaient souvent plus faibles.

Avec cette régulation, aucune station-service n’avait le droit de vendre l’essence sous le seuil déterminé, même si elle souhaitait proposer une promotion ou ajuster ses prix face à la concurrence.

Pourquoi cette mesure a-t-elle été abolie ?

Le ministre québécois de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a confirmé que l’objectif est de favoriser une plus grande concurrence entre les distributeurs de carburant, dans un contexte où les consommateurs font face à une pression croissante sur leur pouvoir d’achat. Il estime que le prix plancher constituait une forme d’intervention dépassée, qui limitait la libre fixation des prix.

« Ce n’est pas au gouvernement de fixer les prix à la pompe », a déclaré le ministre, ajoutant que le marché québécois est aujourd’hui suffisamment mature pour s’autoréguler.

De plus, la mesure n’a pas empêché les marges des distributeurs d’augmenter au fil du temps, ce qui posait question quant à son efficacité réelle.

Vers une baisse des prix à la pompe ?

En théorie, l’abandon du prix plancher pourrait permettre à certaines stations d’offrir des tarifs plus bas, notamment dans les zones urbaines où la concurrence est forte. Les consommateurs s’attendent donc à une possible réduction du prix du litre d’essence dans les prochaines semaines.

Cependant, plusieurs experts tempèrent cet optimisme. Le marché de l’essence reste influencé par de nombreux facteurs externes (cours du brut, change CAD/USD, taxes, logistique) qui pèsent davantage que la marge du détaillant. Par ailleurs, certaines stations pourraient ne pas avoir la capacité financière de suivre une guerre des prix, surtout en région.

Des inquiétudes pour les détaillants indépendants

L’Association des détaillants en énergie du Québec (ADEQ) a exprimé ses préoccupations, soulignant que l’abandon du prix plancher pourrait mettre en péril de nombreux commerces indépendants, notamment en dehors des grands centres.

Ces stations, souvent isolées et peu rentables, pourraient être acculées à la fermeture si elles ne parviennent pas à s’aligner sur les prix agressifs des grandes surfaces ou des chaînes. Cela poserait un risque de réduction de l’accessibilité au carburant dans certaines régions.

Une situation différente en France

En France métropolitaine, aucun prix plancher n’existe pour l’essence ou le gazole. Le marché est libre, mais encadré par une obligation de déclaration des prix pour les stations distribuant plus de 500 m³ de carburant par an. Les données sont accessibles via des plateformes comme prix-carburant.eu, qui permettent de comparer les tarifs par commune, département ou marque.

Cette transparence favorise une concurrence saine et permet aux consommateurs de repérer facilement la station la moins chère à proximité. Des pratiques d’éco-conduite et le choix du bon moment pour faire le plein (souvent le jeudi) permettent également de maîtriser son budget carburant.

En revanche, dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM) — notamment en Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et Mayotte — les carburants sont soumis à des prix administrés. Ces prix plafonds ou planchers sont fixés par arrêtés préfectoraux sur la base de paramètres techniques encadrés par l'État, dans le but de garantir un accès équitable au carburant dans des zones isolées ou dépendantes en importation.

Cette régulation spécifique, issue de la loi « Lurel » de 2013, vise à éviter les excès tarifaires tout en assurant une juste rémunération des acteurs locaux.

Un virage politique vers le libre marché

La décision québécoise s’inscrit dans une tendance plus large de dérégulation des marchés du carburant. Elle soulève néanmoins des questions cruciales :

Le gouvernement promet de surveiller l’évolution du marché dans les mois à venir. Si les effets sont jugés négatifs, il n’exclut pas de mettre en place des mécanismes de soutien ou de compensation pour les acteurs les plus vulnérables.

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