Recharger sa voiture électrique : un tarif qui varie... du simple au double
« Je ne sais pas du tout combien ça va me coûter » : cette phrase, entendue au pied d'une borne de recharge rapide à Saint-Étienne, résume l'inquiétude grandissante des automobilistes français. Alors que la mobilité électrique progresse, les tarifs de recharge restent opaques, même pour des bornes situées au même endroit. Un reportage récent de Franceinfo a mis en lumière des écarts saisissants : sur une borne Izivia située en ville, une recharge de 24 kWh coûte 14,93 € via l'application Chargeprice, mais peut atteindre 31,78 € si l'on utilise une autre carte de recharge. Un écart de 113 % pour le même service.
Des tarifs incompréhensibles pour les usagers
Les opérateurs de recharge facturent aujourd’hui selon trois modèles principaux :
- Au kilowattheure (kWh) : le plus logique, similaire à une facture d’électricité domestique.
- Au temps : tarif à la minute ou à l’heure, peu avantageux pour les véhicules à faible puissance de charge.
- Au forfait : un prix fixe, quelle que soit la quantité réellement consommée.
Mais à cela s’ajoutent les marges des intermédiaires : cartes de recharge tierces, applications, abonnements avec frais cachés… Les plateformes comme Shell Recharge, Chargemap, Freshmile ou encore Chargepoint proposent des tarifs distincts pour une même borne, rendant la comparaison difficile, surtout en situation d’urgence.
Un manque criant de transparence
Le véritable problème est l'absence d'affichage clair sur les bornes elles-mêmes. Contrairement aux stations-service qui affichent le prix au litre, les bornes électriques n'indiquent pas systématiquement le tarif au kWh. L’Union européenne impose pourtant l'affichage du prix sur les bornes depuis avril 2024, mais l’application en France reste inégale. Résultat : les automobilistes découvrent le prix... après la recharge.
Comment éviter les mauvaises surprises ?
Pour optimiser sa recharge et éviter de payer deux fois plus que nécessaire, voici quelques recommandations :
- Utiliser une application comparative comme Chargeprice avant chaque recharge
- Favoriser les réseaux avec tarification au kWh, plus lisible
- Vérifier les conditions tarifaires des cartes ou passes utilisés
- Préférer les abonnements transparents (ex : Ionity Passport, TotalEnergies Charge+) si l’on recharge souvent
Vers une régulation des prix ?
Le gouvernement français travaille sur une charte de transparence tarifaire, en discussion avec les principaux opérateurs comme EDF, TotalEnergies, Engie, Allego ou Electra. L'objectif ? Rendre le prix plus lisible et limiter les abus tarifaires. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a également été saisie pour surveiller les pratiques commerciales des plateformes intermédiaires. Si la tarification libre reste la règle, une régulation partielle ou une incitation à afficher les prix pourrait bientôt voir le jour.
En pleine transition énergétique, cette variabilité tarifaire pourrait freiner l’adoption du véhicule électrique. Pour beaucoup d’automobilistes, le passage à l’électrique est motivé par des économies attendues sur le carburant. Mais si le prix d’une recharge devient imprévisible, ces gains s’évaporent. Des écarts similaires sont constatés par les utilisateurs sur de nombreux forums et plateformes spécialisées, comme Chargeprice ou Chargemap sur une recharge de 50 kWh :
- Sur une borne TotalEnergies (tarif direct) : 21,50 €
- Via une carte tierce sans abonnement : 29,90 €
- Via une application étrangère : jusqu’à 33 €
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