Près de 90 % des nouveaux projets renouvelables désormais moins chers que les énergies fossiles

Publié le 09/10/2025 dans News

L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) publie en juillet 2025 son rapport Renewable Power Generation Costs in 2024, confirmant une tendance historique : les énergies renouvelables sont désormais, dans la quasi-totalité des cas, plus compétitives que les énergies fossiles. Selon les données relayées par Reuters, 91 % des projets renouvelables mis en service en 2024 présentent un coût inférieur à celui des centrales fossiles les plus économiques.

Une bascule économique déjà engagée

Ce basculement s’explique par la chute spectaculaire des coûts de production du solaire et de l’éolien, combinée à l’amélioration du rendement des équipements et des infrastructures de stockage. En moyenne, le solaire photovoltaïque est 41 % moins cher que les solutions fossiles équivalentes, tandis que l’éolien terrestre affiche un écart de 53 %. Parallèlement, le coût du stockage par batterie a diminué de 93 % depuis 2010, permettant une intégration plus fluide des énergies intermittentes.

En 2024, le monde a ajouté 582 gigawatts (GW) de capacités renouvelables, soit une croissance de 20 % par rapport à 2023. Ces ajouts auraient permis, selon IRENA, d’éviter environ 467 milliards de dollars de dépenses liées aux combustibles fossiles. L’électricité d’origine renouvelable devient ainsi le pilier économique de la transition énergétique mondiale.

Les moteurs de la baisse des coûts

Effets d’échelle et industrialisation : la production de panneaux solaires, d’éoliennes et de composants associés s’est industrialisée à grande échelle, réduisant fortement les coûts unitaires grâce à la standardisation et à la concurrence mondiale.

Innovation technologique : les progrès dans les matériaux, l’électronique de puissance et les logiciels de gestion de l’énergie ont permis d’améliorer le rendement tout en abaissant les coûts de maintenance.

Stockage et flexibilité : la baisse des prix des batteries lithium-ion et des systèmes hybrides (solaire + éolien + stockage) renforce la fiabilité du renouvelable, désormais capable de répondre à la demande de manière plus stable.

Indépendance face aux marchés fossiles : les renouvelables ne dépendent pas du prix du charbon, du gaz ou du pétrole. Cette autonomie protège les producteurs contre la volatilité géopolitique et les crises d’approvisionnement.

Malgré cette compétitivité accrue, plusieurs freins ralentissent encore la généralisation des renouvelables à l’échelle mondiale. Dans les pays émergents, les taux d’intérêt élevés et le risque pays maintiennent des coûts de capital élevés. De nombreux projets, bien que rentables sur le plan technologique, restent difficiles à financer. l’intégration de volumes massifs d’énergie solaire et éolienne nécessite des réseaux intelligents (smart grids), des interconnexions et des capacités de stockage renforcées. Les délais d’autorisation, les contraintes foncières et la complexité réglementaire freinent l’expansion du renouvelable, notamment en Europe. Les tensions commerciales, la dépendance à certains métaux critiques et les droits de douane sur les composants photovoltaïques ou éoliens créent de nouveaux points de fragilité.

Enjeux pour la France et l’Europe

Pour la France et ses voisins européens, cette mutation économique est une opportunité stratégique majeure. Elle permet de réduire la dépendance aux importations de combustibles fossiles, de renforcer la souveraineté énergétique et de dynamiser l’emploi industriel.

Accélérer la planification : en France, les appels d’offres solaires et éoliens pourraient être simplifiés pour raccourcir les délais de réalisation, actuellement proches de 5 ans pour certains projets.

Assurer la stabilité réglementaire : un cadre clair et durable sur les tarifs d’achat, la fiscalité et les mécanismes de soutien est indispensable pour rassurer les investisseurs.

Moderniser les réseaux : les interconnexions européennes, le développement du stockage et la gestion en temps réel des flux d’électricité sont essentiels pour accompagner la montée en puissance du renouvelable.

Accompagner les territoires : la transition doit rester inclusive ; certaines zones rurales ou insulaires risquent d’être marginalisées si les investissements ne sont pas équitablement répartis.

Perspectives 2030

Si la tendance actuelle se poursuit, près de 100 % des nouvelles capacités de production électrique pourraient être renouvelables d’ici 2030. Les centrales fossiles joueraient alors un rôle secondaire, limité aux situations de pointe ou d’urgence.

Les projets hybrides (solaire + éolien + stockage, parfois couplés à de l’hydrogène vert) deviendront la norme. En parallèle, la pression sur les chaînes d’approvisionnement et la gestion des matériaux critiques (lithium, cuivre, nickel) exigera une politique industrielle coordonnée.

En somme, la compétitivité économique des renouvelables n’est plus un objectif : elle est devenue une réalité. Reste désormais à lever les obstacles institutionnels et logistiques pour transformer l’avantage économique en bascule énergétique globale.

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