Dans le canton de Vaud, les pleins d'essence sans payer ne sont plus des cas isolés. Selon un podcast de Radio Lac, chaque année, des milliers de Vaudois quittent les stations-service sans régler leur carburant. Le phénomène, en nette hausse, touche tout particulièrement ce canton, avec l'aire d'autoroute de Bursins en tête des stations les plus impactées.
Cette réalité, mise en lumière par un article de 20 minutes et détaillée par le podcast intitulé « Ces Suisses qui ne paient plus leur carburant », illustre une face méconnue du marché des carburants. Alors que les automobilistes traquent le prix du carburant le plus bas, une minorité choisit de partir sans payer, faisant peser le coût de la fraude sur les exploitants de stations-service et, à terme, sur l'ensemble des consommateurs.
Des dizaines de milliers de cas, des pertes de plusieurs millions
D'après les chiffres évoqués sur Radio Lac, environ 100 000 cas de pleins non payés seraient signalés chaque année en Suisse, représentant des millions de francs de pertes pour les exploitants. Le canton de Vaud concentre une part importante de ces dossiers, au point d'être présenté comme l'un des épicentres du phénomène.
Les stations-service situées le long des axes très fréquentés, comme les autoroutes, sont particulièrement vulnérables. L'aire de Bursins, sur l'A1, est citée comme la station la plus touchée du pays. La configuration des lieux (flux important, accès rapide à la route, anonymat relatif des automobilistes de passage) facilite le départ sans passage en caisse lorsque le paiement n'est pas sécurisé en amont.
Pour les exploitants, ces « pleins fantômes » s'additionnent jour après jour. À l'échelle nationale, le manque à gagner atteint plusieurs millions de francs par an, dans un secteur où les marges sur le carburant sont déjà très faibles. Les coûts de gestion des dossiers, de dépôt de plainte et de suivi administratif viennent encore alourdir la facture.
Stations sans prépaiement : un modèle plus exposé
Le journaliste de Radio Lac insiste sur un point clé : les stations-service sans prépaiement sont les plus vulnérables. Dans ces stations, le client se sert à la pompe puis se rend au comptoir pour payer. Ce fonctionnement repose sur la confiance et permet un passage rapide, mais il laisse la porte ouverte à ceux qui décident de démarrer sans passer par la caisse.
À l'inverse, les stations qui imposent un paiement anticipé (par carte bancaire, carte carburant ou application mobile avant le déclenchement de la pompe) limitent fortement le risque. Une fois le montant préautorisé, l'automobiliste ne peut pas repartir sans que le paiement soit enregistré.
Le dilemme pour de nombreux exploitants est donc clair : rester sur un modèle de service fluide, perçu comme plus convivial, ou basculer vers des systèmes plus sécurisés mais parfois moins appréciés par une partie de la clientèle, notamment les automobilistes pressés ou peu familiers des paiements dématérialisés.
Un casse-tête pour la police et la justice
Face à un plein non payé, les stations-service déposent le plus souvent plainte, en s'appuyant sur les enregistrements vidéo et les plaques d'immatriculation. Mais le volume des cas évoqué par Radio Lac rend le traitement judiciaire très lourd : les procédures sont longues et l'issue incertaine, surtout lorsque les automobilistes viennent d'autres cantons ou de pays voisins.
Dans de nombreux dossiers, la difficulté d'identifier clairement le conducteur ou de prouver l'intention frauduleuse limite les poursuites. Entre les situations d'oubli réel, les litiges sur les montants et les fraudes organisées, les autorités doivent procéder à un tri, ce qui laisse certains dossiers en suspens pendant de longs mois.
Ce contexte alimente un sentiment d'impunité chez certains fraudeurs, notamment ceux qui considèrent que le risque de sanction reste faible par rapport au gain immédiat. Les stations, elles, se retrouvent prises en étau entre la nécessité de porter plainte et la réalité des délais et des coûts.
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