Mobilisation à Pau contre l’usine de biocarburants de Lacq : un millier de manifestants vent debout
Un vent de contestation souffle sur le Béarn. Samedi 14 juin 2025, près d’un millier de personnes ont défilé dans les rues de Pau pour s’opposer à la construction d’une usine de production de biocarburants sur la plateforme industrielle de Lacq, un projet porté par Elyse Energy. Cette manifestation, initiée par le collectif “Touche pas à mon air”, soutenue par plus de 70 associations et collectifs citoyens, témoigne d’une inquiétude croissante face à l’impact environnemental et sanitaire de cette installation.
Un projet industriel controversé
Annoncé comme une bioraffinerie de carburants de synthèse destinés à l’aviation (e-SAF), le projet porté par Elyse Energy prévoit d’utiliser du dioxyde de carbone et de l’hydrogène vert pour produire des carburants dits « durables ». La production de ces e-carburants devrait atteindre environ 75 000 tonnes par an à horizon 2030.
Selon les porteurs du projet, cette infrastructure s’inscrit dans la logique de décarbonation du secteur aérien, un levier majeur pour atteindre les objectifs climatiques fixés au niveau européen. Elyse Energy met également en avant la création de plus de 150 emplois directs sur le site.
Une opposition structurée autour de la santé et de l’écologie
Mais cette promesse industrielle ne convainc pas tout le monde. Le collectif “Touche pas à mon air”, fer de lance de la mobilisation, dénonce un projet polluant, énergivore et climaticide.
- Un impact local mal évalué : émissions de CO₂, composés organiques volatils (COV) et particules fines.
- Une consommation d’eau élevée dans un contexte de stress hydrique.
- Le « greenwashing » dénoncé : un carburant synthétique qui n'a rien d’un biocarburant traditionnel.
Un débat sur la transition énergétique locale
Cette opposition cristallise une tension récurrente dans la transition énergétique : comment concilier innovation industrielle, impératifs climatiques et acceptabilité sociale ? Pour Elyse Energy, l’usine de Lacq s’inscrit dans une dynamique de relocalisation verte. Mais pour les manifestants, cette vision élude des problématiques de fond. “On nous parle d’énergie verte, mais à quel prix ?” pouvait-on lire sur les pancartes.
Réunions publiques, pétitions et tribunes dans la presse se succèdent. Le soutien de figures locales et d'ONG nationales vient amplifier la résonance du mouvement. Les organisateurs réclament :
- Un moratoire immédiat sur le projet
- Une étude d’impact indépendante
- L’arrêt des financements publics à ce type d’industries
Vers un bras de fer politique ?
Le projet bénéficie du soutien de la préfecture. Le maire de Pau, François Bayrou, s’est dit « attentif » sans prendre position. L’affaire de Lacq pourrait bien devenir un cas d’école dans la difficile articulation entre stratégie industrielle et exigence écologique.
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