Une baisse continue des ventes de carburant en Lituanie
Depuis l’entrée en vigueur de l’augmentation des droits d’accise en Lituanie, le pays connaît une baisse structurelle des ventes de carburants. Selon les chiffres officiels relayés par le média Made In Vilnius, les volumes vendus de diesel ont reculé de 7 % et ceux d’essence de 6 % entre janvier et mai 2024, par rapport à la même période en 2023. Cette évolution intervient après une précédente réforme fiscale ayant déjà relevé les niveaux d’imposition sur les carburants fossiles. L’objectif : inciter à une transition vers des énergies plus propres tout en augmentant les recettes publiques. Pourtant, les données montrent que cette stratégie pourrait se retourner contre les autorités.
Des automobilistes qui franchissent la frontière pour faire le plein
Les automobilistes lituaniens, particuliers comme professionnels, s’adaptent à la nouvelle donne fiscale. Beaucoup préfèrent faire le plein en Pologne ou en Lettonie, où les prix à la pompe restent plus compétitifs. La proximité géographique de ces pays frontaliers favorise ce phénomène d’"arbitrage transfrontalier". Cette tendance est particulièrement marquée dans les régions proches de la frontière, où certaines stations-service locales observent une chute de fréquentation de plus de 20 %. Le carburant devient ainsi un vecteur de fuite fiscale, affaiblissant les recettes que l’État espérait percevoir via la hausse des accises.
Un effet boomerang sur les recettes fiscales
Selon les données du ministère des Finances relayées par Made In Vilnius, la hausse de 27 % des droits d’accise sur le diesel n’a permis d’augmenter les recettes que de 0,8 % sur les cinq premiers mois de l’année, soit seulement 3 millions d’euros supplémentaires. Plus précisément, les recettes des accises sur le diesel sont passées de 305,8 millions d’euros (janvier–mai 2023) à 319,6 millions d’euros (janvier–mai 2024). Si l’on additionne accises et TVA, le total des recettes budgétaires n’a progressé que de 365,4 à 368,3 millions d’euros, confirmant un rendement faible de la mesure.
Une stratégie à repenser pour la transition énergétique
La fiscalité verte est un levier puissant pour orienter les comportements, mais elle doit être calibrée avec prudence. En Lituanie, les réformes successives ont fragilisé l’équilibre entre incitation écologique et compétitivité économique. L’adoption de véhicules électriques ou hybrides reste encore marginale (moins de 5 % du parc), et le réseau de recharge peine à se développer. En parallèle, le biocarburant ou l’hydrogène ne sont pas encore assez accessibles ni bon marché pour représenter une alternative de masse. Ainsi, au lieu d’accélérer la transition, la hausse des accises risque de provoquer une double peine : baisse des ventes nationales et stagnation de la décarbonation.
La situation lituanienne envoie un signal clair aux autres gouvernements européens : l’acceptabilité sociale et la réalité géographique doivent être intégrées dans toute réforme fiscale. Sans coordination à l’échelle européenne, les écarts de prix entre pays continueront d’encourager les stratégies d’évitement. Face à la baisse des ventes de carburant, la Lituanie devra probablement ajuster sa politique, sous peine de fragiliser son marché intérieur et de ralentir sa transition énergétique.
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