Une dépendance structurelle : le pétrole coté en dollar
Tous les achats de pétrole brut sur les marchés mondiaux se font en USD (dollar américain). Cela signifie que les pays n’utilisant pas le dollar comme monnaie nationale — comme les membres de la zone euro — doivent d’abord convertir leur devise pour s’approvisionner en pétrole.
Un exemple simple :
Si le baril coûte 80 $ et que 1 € = 1,20 $, le coût en euros est d’environ 66,67 €.
Mais si l’euro chute à 1 € = 1,05 $, le même baril revient à 76,19 € — soit une hausse immédiate de +14%.
C’est ce mécanisme qui explique pourquoi, à niveau de prix du pétrole équivalent, le carburant peut coûter plus cher en France uniquement en raison du taux de change.
Fluctuations euro/dollar : quels effets directs à la pompe ?
En 2022, l’euro est passé sous la parité avec le dollar pour la première fois depuis 2002. Cette baisse a coïncidé avec une flambée des prix à la pompe en France, atteignant jusqu’à 2,20 €/L pour le gazole dans certaines régions.
Selon le ministère de la Transition écologique :
« Une variation de 10 centimes du taux euro/dollar peut avoir un effet de 4 à 6 centimes sur le prix du litre de carburant. »
Les stations répercutent ces hausses avec quelques jours de décalage, notamment via les contrats d'approvisionnement à court terme.
Des carburants plus exposés que d’autres
Le gazole et le SP95 sont directement affectés par le prix du pétrole brut, mais aussi par les coûts de raffinage, eux aussi liés aux cotations en dollar. Le GPL-c ou les carburants alternatifs peuvent connaître une volatilité moindre, mais restent influencés par les marchés internationaux.
Cas particulier des taxes
Même si une part importante du prix des carburants en France provient des taxes (TICPE, TVA), le taux de change agit comme un amplificateur. Quand le dollar est fort, le coût du carburant hors taxe augmente, entraînant mécaniquement une hausse de la TVA (20% du prix total).
Pourquoi le taux de change varie-t-il ?
La valeur de l’euro face au dollar dépend de nombreux facteurs :
- taux d’intérêt directeurs (FED vs BCE),
- croissance économique,
- instabilité géopolitique,
- confiance des marchés.
- l’éco-conduite
- le choix d’un véhicule hybride ou électrique
- la surveillance des stations les moins chères avec des alertes personnalisées
Par exemple, une politique de hausse des taux d’intérêt aux États-Unis attire les investisseurs vers le dollar, ce qui en renforce la valeur au détriment de l’euro.
Comment anticiper ces effets ?
Les professionnels du transport ou les gros consommateurs de carburant peuvent utiliser des contrats à terme ou des couvertures de change pour limiter les effets de volatilité. En revanche, les particuliers subissent de plein fouet ces hausses, sauf à adapter leur consommation via des stratégies comme :
Le rôle des pouvoirs publics
Certains pays subventionnent partiellement le carburant pour en lisser le prix, comme l’Inde ou l’Algérie. En France, l’État a temporairement mis en place une « remise carburant » en 2022.
Mais selon un rapport de la Cour des comptes :
« Une politique durable sur les prix du carburant nécessite d’agir à la source, notamment sur les effets de change et la dépendance structurelle au pétrole. »
Perspectives pour 2025
Le dollar reste fort en 2025, avec un taux euro/dollar oscillant entre 1,05 et 1,10. Les analystes prévoient une stabilisation à ce niveau, ce qui pourrait maintenir une pression haussière sur les carburants importés.
Certains experts suggèrent que la réindustrialisation énergétique de l’Europe et l’adoption plus large des carburants alternatifs (électrique, biogaz) pourraient limiter cette dépendance au dollar à moyen terme.