Une ambition nationale sous pression
En 2020, la France lançait une stratégie nationale pour l’hydrogène décarboné, dotée d’un budget de 9 milliards d’euros à horizon 2030. Objectif : faire émerger une filière industrielle capable de produire un hydrogène “vert”, à partir d’énergies renouvelables, pour décarboner l’industrie et la mobilité lourde. Mais selon la Cour des Comptes, qui a publié son rapport le 5 juin 2025, cette stratégie est mal engagée. “Les moyens mobilisés ne sont pas à la hauteur des ambitions, et leur pilotage demeure flou”, résume l’institution.Des aides publiques mal calibrées
Parmi les principaux griefs formulés :- des subventions souvent versées sans contreparties précises,
- des projets pilotes peu évalués et parfois redondants,
- une difficulté à mesurer la rentabilité ou les effets réels de l’investissement public.
Gouvernance éclatée, pilotage insuffisant
Autre critique majeure : la gouvernance du plan hydrogène. Le rapport évoque un enchevêtrement d’acteurs (ministères, ADEME, agences régionales, opérateurs privés) sans coordination claire. Résultat :- des retards dans les appels à projets,
- des critères de sélection parfois contradictoires,
- une absence de feuille de route partagée entre l’État et les régions.
Une production encore embryonnaire
Malgré les annonces, la production d’hydrogène bas-carbone reste très marginale. La quasi-totalité de l’hydrogène consommé en France (environ 900 000 tonnes/an) est encore issue de gaz naturel, donc fortement émettrice de CO₂. Les électrolyseurs installés sont peu nombreux, et les coûts de production restent 3 à 5 fois supérieurs à l’hydrogène fossile.Réactions du gouvernement et du secteur
Le ministère de la Transition énergétique a annoncé une “mise à jour de la feuille de route”, intégrant :- la création d’un pilotage national resserré,
- une révision des critères de sélection des projets,
- un effort de transparence sur les aides et leur efficacité.
Un signal d’alerte pour toute la transition
Ce rapport intervient dans un contexte où d’autres filières (solaire, éolien, batteries) appellent également à une meilleure structuration des politiques publiques. La relance de l’industrie européenne des EnR, promue par le Net-Zero Industry Act, accentue cette exigence. L’enjeu de l’hydrogène reste majeur, mais nécessite une gouvernance exemplaire pour éviter les dérives du passé.🔗 À lire aussi : Vers des équipements EnR “Made in Europe”
📊 Source : Rapport Cour des Comptes – “La stratégie nationale pour l’hydrogène” – 5 juin 2025 ; Ministère de la Transition énergétique ; France Hydrogène.