Électricité : Marine Le Pen alerte sur une hausse de 100 %, qu’en est-il vraiment ?

Publié le 10/05/2025 dans News

Une déclaration choc dans un contexte de tension énergétique

Lors d’une intervention début mai 2025, Marine Le Pen a affirmé que « les factures d’électricité des Français vont augmenter de 100 % » si le projet européen de réforme du marché de l’électricité est mis en œuvre. Elle s’est appuyée sur une étude de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), affirmant que les prix proposés dans les contrats actuels, appelés "ARENH 2", conduiraient à un doublement des coûts pour les ménages. Cette prise de position s’inscrit dans un contexte de flambée des prix de l’énergie, nourrie par la volatilité des marchés et la sortie progressive des tarifs réglementés.

Mais cette hausse est-elle inéluctable ? Les données et les acteurs du secteur apportent un éclairage plus nuancé.

ARENH 2 : comprendre le nouveau mécanisme

Le mécanisme d’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique), en vigueur depuis 2011, permettait aux fournisseurs alternatifs d’acheter une partie de l’électricité nucléaire produite par EDF à prix réduit (42 €/MWh). Ce système, critiqué de toutes parts, doit être remplacé par un nouveau cadre (souvent surnommé « ARENH 2 »), dans le cadre d’une réforme en discussion avec la Commission européenne.

L’objectif de ce nouveau dispositif est double : permettre à EDF de mieux financer le parc nucléaire, tout en garantissant des prix stables aux consommateurs. Toutefois, les tarifs envisagés, autour de 70 €/MWh selon la CRE, sont nettement plus élevés que ceux de l’ARENH historique.

Les chiffres derrière la polémique

L’étude sur laquelle Marine Le Pen s’appuie a été présentée lors d’une audition au Sénat par la CRE. Elle montre qu’en intégrant les nouveaux prix proposés pour l’électricité nucléaire, les factures pourraient augmenter jusqu’à 97 % dans certains cas… mais ce scénario est jugé extrême.

De nombreux économistes et analystes s’accordent à dire que ce chiffre correspond au worst case scenario, sans modulation tarifaire, sans amortisseurs publics, et avec un prix du marché inchangé. Or, en réalité, plusieurs dispositifs sont déjà prévus pour contenir cette hausse :

Autrement dit, une hausse des tarifs est probable, mais son ampleur sera largement encadrée.

Le gouvernement tempère et cherche à rassurer

Du côté du gouvernement, on tente de calmer le jeu. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré que « les hausses de prix seront contenues dans une limite raisonnable » et que « le nouveau cadre tarifaire protégera les consommateurs les plus vulnérables ».

Un appel d’offres a même été envisagé pour garantir un prix moyen de l’électricité produit par EDF autour de 70 €/MWh, ce qui reste inférieur aux cours observés sur les marchés européens en 2022 et 2023. Ce tarif « plancher » permettrait de stabiliser les revenus d’EDF tout en limitant les hausses pour les clients.

Une réforme sous pression politique et européenne

Cette réforme s’inscrit dans une volonté plus large de l’Union européenne de revoir le fonctionnement du marché de l’électricité, jugé trop indexé sur le gaz naturel. Le but est de privilégier les énergies bas-carbone (nucléaire, renouvelables) et de renforcer la sécurité énergétique du continent.

Mais les négociations sont sensibles. EDF souhaite un prix garanti pour l’électricité nucléaire, tandis que Bruxelles exige plus de concurrence et de transparence. Résultat : un compromis encore flou, qui alimente les inquiétudes.

La sortie progressive de l’ARENH pose également la question de la concurrence entre les fournisseurs, qui pourraient être évincés si les tarifs EDF deviennent plus compétitifs à moyen terme.

L’impact concret pour les consommateurs

Pour les Français, cette réforme aura forcément des conséquences à partir de 2026. Voici ce qui pourrait changer :

Des plateformes spécialisées comme prix-carburant.eu proposent déjà un suivi des coûts de l’électricité et du gaz en complément du carburant, afin d’accompagner les ménages dans leurs arbitrages.