Espagne, France, Allemagne : record d’effacement d’électricité éolienne en 2025
Selon Bloomberg, l’Espagne, la France et l’Allemagne ont enregistré en 2025 un volume record de curtailment (effacement/limitation) d’électricité éolienne, symptôme d’un réseau européen mis sous tension par l’afflux d’énergies renouvelables variables. Cette situation met en lumière des goulots d’étranglement réseau, un stockage encore insuffisant et une flexibilité système à renforcer pour valoriser toute la production verte.
Un paradoxe européen : plus d’éolien, mais plus d’effacements
Avec près de 285 GW d’éolien installés en Europe fin 2024 (dont 248 GW terrestres et 37 GW en mer), le continent a battu des records d’installations récentes. Pourtant, la montée en puissance des renouvelables se heurte à des contraintes de transport et à des équilibres offre-demande parfois défavorables, qui obligent les gestionnaires de réseau à brider temporairement la production.
En Allemagne, la tendance était déjà visible au 1er semestre 2025 avec un record d’effacement solaire + éolien lié aux saturations réseau et à un stockage encore trop limité. La même logique touche désormais l’Espagne et la France, où des périodes de vent soutenu et de demande faible ont accentué les injections non valorisées sur le réseau.
Pourquoi l’effacement éolien augmente-t-il ?
1) Goulots d’évacuation et maillage insuffisant
Les lignes de transport ne sont pas toujours dimensionnées pour évacuer l’électricité des zones de production (parcs éoliens à forte densité) vers les centres de consommation. Les congestions conduisent les opérateurs à ordonner des réductions de puissance pour préserver la sécurité du système.
2) Flexibilité et stockage encore trop modestes
Les capacités de stockage (batteries, stations de transfert d’énergie par pompage, hydrogène) progressent mais restent insuffisantes face à la variabilité du vent. Résultat : lors des creux de demande, une part de la production éolienne n’est ni consommée ni stockée.
3) Signaux de prix et règles de marché
Des épisodes de prix négatifs ou très bas, fréquents lors de surproduction, incitent les producteurs à se mettre à l’arrêt pour éviter des pertes. Côté réseau, les priorités opérationnelles (stabilité, réserves, contraintes locales) passent avant la maximisation de l’injection renouvelable.
Économiquement, l’effacement réduit les revenus des parcs éoliens et peut fragiliser la rentabilité des projets, surtout si ces risques n’étaient pas pleinement intégrés dans les modèles. Côté système, ces épisodes rappellent l’urgence d’investir dans les réseaux, les interconnexions et la gestion intelligente de la demande.
Pour la transition, perdre des MWh verts en plein objectif de décarbonation représente une occasion manquée. Tant que la flexibilité (réseaux, stockage, effacements de consommation) ne suit pas le rythme des nouvelles capacités, l’Europe continuera de brider une partie de sa production renouvelable.
Et maintenant ?
En 2025, l’effacement record en Espagne, France et Allemagne n’est pas un accident : c’est le coût de la transition quand les réseaux et la flexibilité ne grandissent pas au même rythme que les capacités renouvelables. La bonne nouvelle : les solutions sont connues et de plus en plus compétitives. À nous d’aligner investissements, réglementations et innovation pour que plus aucun MWh vert ne soit perdu.
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