Consommation de carburant : pourquoi les chiffres des constructeurs sont souvent trompeurs

Consommation de carburant : pourquoi les chiffres des constructeurs sont souvent trompeurs

Selon une enquête récente diffusée sur TF1, l’écart entre la consommation de carburant annoncée par les constructeurs automobiles et celle mesurée dans la réalité peut atteindre jusqu’à 30 %. Une différence qui peut peser lourd sur le budget des automobilistes, surtout dans un contexte de hausse des prix à la pompe. Cette situation soulève de nombreuses interrogations sur la transparence des tests réalisés en laboratoire et leur représentativité des usages réels.

Des tests standardisés… mais peu réalistes

Les consommations officielles sont calculées lors d’essais en laboratoire, selon un protocole normalisé appelé WLTP (Worldwide Harmonized Light Vehicles Test Procedure). Cette procédure, bien que plus représentative que l’ancienne norme NEDC, reste largement éloignée des conditions de conduite réelles.

En laboratoire, les voitures roulent sur banc d’essai, sans vent, avec une température stable et un conducteur professionnel. Résultat : les chiffres obtenus sont souvent inférieurs à ceux observés sur route. Le reportage de TF1 révèle que pour certains modèles récents, l’écart peut atteindre 25 à 30 % entre la consommation affichée dans les brochures commerciales et celle relevée sur un parcours quotidien.

Des conséquences directes pour le porte-monnaie

Cet écart n’est pas anodin. Pour un automobiliste moyen parcourant 15 000 km par an, une différence de 1 litre aux 100 km représente près de 150 euros par an à 1,50 € le litre. Ce surcoût, non anticipé lors de l’achat, s’ajoute à un prix du carburant toujours instable.

D’autant que certains consommateurs choisissent un véhicule spécifiquement pour sa sobriété affichée. Or, comme le souligne un expert interrogé par TF1, « ce que vous lisez sur l’étiquette ne reflète pas ce que vous vivrez derrière le volant ».

Les modèles hybrides particulièrement pointés du doigt

Le reportage cible notamment les véhicules hybrides rechargeables, souvent présentés comme très économes. En théorie, leur consommation peut descendre sous les 2 litres/100 km… à condition de recharger la batterie quotidiennement et de ne pas faire trop d’autoroute. En pratique, si le véhicule roule principalement en mode thermique, la consommation réelle peut doubler voire tripler par rapport aux chiffres officiels.

L’ONG Transport & Environment confirme que les hybrides rechargeables sont souvent surévalués en termes de sobriété. Selon elle, « les constructeurs savent optimiser leurs voitures pour les tests de consommation, mais cela ne reflète pas l’usage du quotidien ».

Des automobilistes de plus en plus méfiants

Face à ces écarts, de nombreux consommateurs s’appuient désormais sur des tests indépendants ou les retours d’expérience d’autres utilisateurs. Des sites comme Spritmonitor ou les forums spécialisés permettent de comparer les consommations réelles, bien loin des chiffres de catalogue.

En France, des initiatives comme prix-carburant.eu permettent aussi de mieux anticiper les dépenses en carburant, en comparant les prix selon les stations, les carburants et les régions. Ces outils deviennent indispensables pour éviter les mauvaises surprises à la pompe.

Que peuvent faire les acheteurs pour s’y retrouver ?

Pour ne pas être dupes, les automobilistes doivent garder en tête que la consommation réelle dépend de nombreux facteurs : le style de conduite, le relief, la charge, la climatisation ou encore la qualité du carburant.

Voici quelques recommandations :

• Ne pas se fier uniquement aux données du constructeur ;
• Comparer les données de consommation réelle sur des sites collaboratifs ;
• Tester le véhicule sur route avant l’achat si possible ;
• Privilégier un modèle adapté à son usage (urbain, autoroutier, mixte) ;
• Vérifier les coûts sur 100 km, pas seulement la consommation (cf. notre article : Quel est le coût en carburant pour 100 km ?).

Un enjeu de transparence et de réglementation

L’écart entre consommation réelle et théorique n’est pas seulement une question de budget. Il interroge aussi sur la réglementation et la responsabilité des constructeurs. L’Union européenne, déjà ébranlée par le scandale du Dieselgate, travaille à renforcer la fiabilité des mesures et prévoit d’introduire des tests sur route en conditions réelles (RDE : Real Driving Emissions).

Mais pour l’heure, les automobilistes doivent rester vigilants et croiser les sources avant d’acheter un véhicule, notamment lorsqu’il est présenté comme particulièrement sobre.

Source principale :
Reportage TF1 Info – « Un écart de 30 % : méfiez-vous des promesses de consommation des constructeurs automobiles » – juin 2025
Voir la vidéo sur TF1 Info