L'année 2025 marque un recul inattendu pour l'hydrogène vert. Alors qu'il devait jouer un rôle clé dans la décarbonation de l'industrie et du transport lourd, de nombreux projets sont mis en pause ou tout simplement annulés. Le rêve technologique se confronte à la dure réalité économique.
BP renonce à un projet emblématique en Australie
Le coup d'éclat est venu de BP, qui a annoncé fin juillet 2025 l'abandon du projet "Australian Renewable Energy Hub". Ce projet phare visait à produire de l'hydrogène vert à partir de 26 GW d'énergies renouvelables dans la région de Pilbara, pour l'exportation vers l'Asie. Mais l'équation ne tient plus : coûts de production très élevés, manque d'infrastructures, et incertitudes sur les débouchés commerciaux ont conduit à une décision radicale.
Une tendance globale de désengagement
BP n'est pas un cas isolé. Partout dans le monde, des projets similaires connaissent des difficultés :
- En Europe, plusieurs consortiums repoussent leurs mises en service initialement prévues en 2026.
- Aux États-Unis, des méga-projets dans le Midwest sont à l’arrêt faute de financements fédéraux.
- Au Moyen-Orient, des projets portuaires d’export vers l’Asie perdent l’intérêt des investisseurs.
Selon une enquête Reuters, plus de 50 % des projets en cours sont “à risque” à l’horizon 2026.
Des freins structurels encore nombreux
Parmi les obstacles récurrents au développement de l’hydrogène vert :
- Un coût de production supérieur à 4 €/kg, contre moins de 2 €/kg pour l’hydrogène gris ou bleu.
- Une consommation énergétique importante pour l’électrolyse de l’eau.
- Des incertitudes réglementaires sur les normes d’export et les garanties d’origine.
- Une infrastructure logistique encore embryonnaire (réseaux, stockage, transport maritime).
Face au doute, les renouvelables tirent leur épingle du jeu
Dans le même temps, les énergies renouvelables traditionnelles (solaire, éolien) poursuivent leur essor. Le dernier rapport de l’IRENA indique que 91 % des nouvelles capacités installées en 2024 étaient moins chères que les solutions fossiles. Les choix d’investissement se réorientent donc vers des solutions plus matures, visibles immédiatement dans le mix électrique national ou régional, plutôt que des paris à long terme.
Et maintenant ? Quel avenir pour l’hydrogène vert ?
Malgré ce ralentissement, l’hydrogène n’est pas mort. Il conserve un potentiel dans :
- les secteurs industriels fortement émetteurs (ciment, acier, chimie),
- le stockage saisonnier d’énergie renouvelable,
- les transports lourds longue distance, sous certaines conditions.
Mais à court terme, les priorités politiques et industrielles semblent se détourner de l’hydrogène vert pour miser sur l’efficacité, l’électrification directe, et les biocarburants avancés.
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