Depuis juin 2023, le gouvernement angolais a entamé une suppression progressive des subventions sur les carburants, notamment sur le gazole. Une réforme dictée par la nécessité de rééquilibrer les finances publiques, mais qui se heurte à la réalité sociale d’un pays où près de 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. En juillet 2025, une nouvelle hausse du prix du carburant a été annoncée, notamment dans la province de Lunda Norte. Cette hausse a immédiatement déclenché des manifestations populaires, violemment réprimées. D’après des sources locales relayées par Africa Radio, le bilan humain s’élève à au moins quatre morts, dont un adolescent, et une cinquantaine d’arrestations.
Une réforme économique impopulaire mais jugée nécessaire
Le prix du litre de gazole a été multiplié par cinq depuis la fin des subventions. Si le gouvernement angolais invoque une stratégie de transition énergétique et de réduction du déficit, la population, elle, voit son quotidien se dégrader. Les transports publics et les denrées alimentaires, dépendants du carburant, ont vu leurs coûts exploser. “Nous ne pouvons plus acheter du pain ou nous rendre à l’hôpital”, témoigne un habitant de Dundo interrogé par un média local. Les syndicats et les associations de consommateurs dénoncent un manque d’accompagnement social et une absence de transparence dans les décisions du pouvoir.
Un contexte économique sous tension
L’Angola est le deuxième producteur de pétrole en Afrique subsaharienne. Pourtant, le pays importe une grande partie de ses carburants raffinés, ce qui le rend vulnérable à la volatilité des cours mondiaux. En supprimant les subventions, le gouvernement espère alléger la pression budgétaire, mais il risque aussi de creuser les inégalités. Selon les experts de la Banque mondiale, les subventions aux carburants représentent jusqu’à 3 % du PIB dans certains pays d’Afrique. Leur suppression peut certes favoriser l’investissement public à long terme, mais elle doit s’accompagner de mécanismes de compensation sociale.
Une situation qui fait écho à d’autres pays
L’Angola n’est pas un cas isolé. Ces dernières années, plusieurs pays africains ont été confrontés à des mouvements sociaux liés aux hausses des prix des carburants. En 2022, c’est le Nigeria qui a connu une série de manifestations violentes après la suppression d’une partie de ses subventions pétrolières. Le schéma se répète : ajustements budgétaires, hausse des prix à la pompe, mobilisation populaire, et souvent répression. Dans ce contexte, les observateurs appellent à une transition énergétique juste et inclusive, où les populations les plus vulnérables ne paient pas seules le prix des réformes.
Une crise qui interroge sur le rôle de l'État
La crise angolaise relance le débat sur le rôle des États dans la régulation des prix des carburants. Faut-il subventionner les carburants pour protéger le pouvoir d’achat, ou au contraire, laisser le marché jouer librement tout en ciblant les aides sociales ? De nombreux pays comme la France, l’Inde ou l’Indonésie oscillent entre ces deux approches. À ce titre, notre comparateur de prix du carburant permet de mieux comprendre les disparités internationales et les mécanismes de fixation des prix selon les pays.
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