Vers une régulation des prix du carburant en Corse

Publié le 10/06/2025 dans News

Carburant en Corse : des prix durablement plus élevés

Les automobilistes corses le savent : faire le plein coûte souvent plus cher sur l'île qu’en métropole. En avril 2024, le prix moyen du gazole atteignait 1,78 €/L en Corse contre 1,72 €/L à l’échelle nationale, d'après France3 région et selon les données officielles de la DGEC. Une différence qui s'explique par plusieurs facteurs : faibles volumes de vente, transport maritime, concurrence limitée, mais aussi un marché insulaire dominé par quelques acteurs majeurs. Cette situation perdure depuis des années, au grand dam des usagers et des élus locaux qui dénoncent une forme d’injustice territoriale. En l’absence d’une réglementation adaptée, les Corses supportent une surcharge constante sur leurs dépenses en carburant.

Une proposition portée par la Collectivité de Corse

Dans un courrier adressé récemment au gouvernement, la Collectivité de Corse (CdC) demande l’instauration d’un mécanisme de régulation des prix du carburant sur l’île. L’objectif ? Mettre fin à l’écart structurel de prix avec la France continentale et mieux encadrer les marges pratiquées. Le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, évoque la nécessité d’une action rapide, soulignant que « la précarité énergétique frappe de plus en plus de familles » en Corse, où l’automobile reste essentielle pour les déplacements du quotidien. Cette proposition, déjà formulée par le passé sans succès, bénéficie cette fois-ci d’un soutien transversal au sein de l’Assemblée de Corse. Une mission d’étude pourrait être confiée à l’Autorité de la concurrence ou à la DGEC pour analyser les marges et la structure des prix sur le territoire insulaire.

Quels leviers pour encadrer les prix à la pompe ?

Plusieurs pistes sont envisagées par la CdC : Le modèle pourrait s’inspirer de ce qui a été instauré à La Réunion ou en Guyane, où les prix des carburants sont régulés par un arrêté préfectoral. Cette régulation repose sur un calcul transparent intégrant les coûts réels d’acheminement, les taxes et une marge plafonnée.

Un enjeu social autant qu’économique

L’écart de prix entre la Corse et le continent ne touche pas uniquement les particuliers. Il impacte également les entreprises locales, notamment dans les secteurs du BTP, du transport routier ou de la livraison, qui subissent une double peine : l’insularité et la cherté énergétique. Pour les élus, cette inégalité tarifaire alimente un sentiment d’abandon. « On ne peut pas demander à la Corse de respecter les mêmes objectifs de transition que le continent sans lui donner les moyens d’agir à armes égales », résume un conseiller territorial.

Une mesure qui fait débat

Certains acteurs du secteur pétrolier expriment néanmoins leurs réserves. Ils craignent qu’un encadrement administratif des prix n’entraîne des désinvestissements, voire une raréfaction de l’offre dans certaines zones rurales de l’île. Mais pour les associations de consommateurs comme UFC-Que Choisir, la priorité reste la justice sociale. « Ce n’est pas normal qu’à Ajaccio ou à Corte, on paie systématiquement 5 à 8 centimes de plus qu’à Marseille, à situation fiscale identique », dénonce un porte-parole régional.

Quel avenir pour la régulation insulaire ?

La balle est désormais dans le camp de l’État. Le gouvernement doit se positionner sur la faisabilité juridique et économique d’une telle régulation. En attendant, la Collectivité de Corse poursuit ses consultations et espère que ce dossier sera examiné lors du prochain Comité interministériel pour la Méditerranée. Ce débat s’inscrit plus largement dans une réflexion sur la justice énergétique en France. D’autres territoires ultra-marins ou enclavés pourraient également revendiquer des dispositifs similaires.

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