Le secteur pétrolier vénézuélien subit un revers majeur en avril 2025, avec une baisse de près de 20 % de ses exportations, atteignant environ 700 000 barils par jour (bpj), le niveau le plus bas depuis neuf mois. Cette chute est principalement due à la suspension par la compagnie nationale PDVSA de la plupart des chargements destinés à Chevron, en raison d'incertitudes liées aux paiements dans le contexte des sanctions américaines renforcées.
Contexte des sanctions et impact sur Chevron
En mars 2025, l'administration américaine a révoqué une licence du Trésor qui permettait à Chevron d'opérer au Venezuela, imposant une date limite au 27 mai pour cesser ses activités dans le pays. En réponse, PDVSA a suspendu la majorité des chargements prévus pour Chevron et a ordonné le retour de certaines cargaisons déjà en transit vers les États-Unis. Cette décision a entraîné une baisse de 69 % des exportations de brut vénézuélien vers les raffineries américaines de Chevron, réduisant les volumes à environ 66 000 bpj.
Répercussions sur les exportations globales
En avril, 32 navires ont quitté les eaux vénézuéliennes, transportant en moyenne 698 767 bpj de brut et de carburant, ainsi que 357 000 tonnes métriques de sous-produits pétroliers et de produits pétrochimiques. La Chine est restée le principal destinataire avec environ 428 000 bpj, suivie des États-Unis (138 000 bpj) et de l'Inde (64 200 bpj).
Malgré les restrictions, d'autres clients de PDVSA, tels que Maurel & Prom (France), Global Oil Terminals (États-Unis) et Reliance Industries (Inde), ont augmenté leurs importations de brut vénézuélien avant la date limite fixée par le Trésor américain. Ces entreprises ont profité des dernières opportunités d'achat avant la cessation des opérations imposée par les sanctions.
Mesures internes de PDVSA
Pour compenser les pertes, PDVSA a intensifié ses importations de naphta lourd, atteignant environ 94 000 bpj en avril, contre 82 000 bpj en mars. Ce diluant est essentiel pour le traitement des bruts extra-lourds. De plus, l'entreprise a mis en pause son unité de valorisation Petropiar, exploitée en partenariat avec Chevron, afin de modifier sa production et de soutenir les efforts de raffinage nationaux. PDVSA a également lancé un nouveau grade de brut, le Blend 22, avec une première cargaison destinée aux États-Unis.
Réactions politiques et perspectives
Le gouvernement vénézuélien a dénoncé les sanctions américaines, les qualifiant de "guerre économique". La vice-présidente et ministre du Pétrole, Delcy Rodriguez, a attribué les problèmes de paiement aux restrictions imposées par les États-Unis, qui auraient entravé la capacité de Chevron à effectuer les transactions. En parallèle, des discussions ont été engagées avec la Chine pour renforcer la coopération dans le secteur pétrolier.
La réduction des exportations pétrolières, qui représentent une part significative des revenus du pays, risque d'aggraver la crise économique vénézuélienne. La diminution des entrées de devises étrangères pourrait entraîner une dépréciation du bolivar et une augmentation de l'inflation, exacerbant les difficultés économiques déjà présentes.