Suppression des ZFE en France : un virage inattendu dans la politique écologique

Publié le 29/05/2025 dans News

Suppression des ZFE en France : un virage inattendu dans la politique écologique

La France vient d’opérer un tournant majeur dans sa politique environnementale urbaine : la suppression progressive des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Ce dispositif, mis en place pour limiter la circulation des véhicules les plus polluants, devait initialement s’étendre à plus de 40 agglomérations d’ici fin 2025. Pourtant, face à une levée de boucliers croissante et à des réalités économiques pesantes, le gouvernement et l’Assemblée nationale ont décidé de revoir leur position.

Ce changement de cap politique s’inscrit aussi dans un contexte de mobilisation citoyenne croissante, à l’image du mouvement Les #Gueux, lancé par l’écrivain Alexandre Jardin. Ce collectif rassemble des citoyens issus de milieux modestes, souvent dépendants de leur voiture pour travailler ou vivre décemment en périphérie des grandes villes. Rejetant une écologie perçue comme élitiste et déconnectée des réalités sociales, Les #Gueux ont multiplié les témoignages et actions symboliques pour dénoncer les effets excluants des ZFE. Pour eux, ces zones menaçaient de transformer des millions de Français en “hors-la-loi de la mobilité”. Leur mobilisation a contribué à rendre audible une autre écologie : plus juste, plus ancrée dans le quotidien des gens.

Qu’est-ce qu’une ZFE et pourquoi avait-elle été instaurée ?

Les ZFE-m (Zones à Faibles Émissions mobilité) avaient pour objectif de réduire la pollution atmosphérique dans les centres urbains en restreignant l’accès aux véhicules anciens classés Crit'Air 4, 5 ou non classés. Elles découlaient d’obligations européennes, notamment liées aux seuils de dioxyde d’azote (NO₂) relevés dans certaines agglomérations.

Ces zones s'inscrivaient dans une stratégie plus globale de transition écologique, favorisant les transports en commun, le vélo, et les voitures électriques.

L’Assemblée nationale approuve la suppression partielle

Le 28 mai 2025, l’Assemblée nationale a voté à une large majorité l’assouplissement du dispositif ZFE. Le texte porté par la majorité présidentielle a été approuvé par 355 voix contre 186. Il prévoit :

Le ministre Christophe Béchu a souligné que l’objectif est d’“éviter une écologie punitive et brutale, surtout pour les ménages modestes”.

Cette évolution fait suite à de vives contestations sur le terrain. De nombreux élus locaux, notamment dans des agglomérations comme Reims, Metz ou Clermont-Ferrand, ont alerté sur les risques sociaux d’une application rigide du dispositif : exclusion de zones entières de population n’ayant pas les moyens de changer de voiture.

Des manifestations se sont multipliées depuis le début de l’année, avec un mot d’ordre commun : “non à une écologie injuste”.

Un nouveau cadre pour une mobilité plus juste

Le gouvernement affirme ne pas abandonner la lutte contre la pollution, mais vouloir la rendre plus progressive et territorialisée. À la place des interdictions pures, des mesures d’accompagnement devraient voir le jour, notamment :

Le texte prévoit également un “observatoire des mobilités” qui devra évaluer les alternatives déployées dans les territoires sortant du cadre ZFE.

Des réactions politiques partagées

Les réactions à cette décision sont tranchées. À gauche, certains dénoncent une “capitulation écologique”, tandis qu’à droite, on salue une victoire du bon sens. Le député LR de l’Ain, Damien Abad, a qualifié le vote de “victoire pour les oubliés des zones rurales et périurbaines”.

Du côté des écologistes, le sentiment est amer. La députée Sandrine Rousseau a estimé que “le gouvernement sacrifie la santé publique sur l’autel du populisme”. Les ONG comme Respire et Greenpeace ont également critiqué une décision “incompréhensible” alors que le changement climatique s’accélère.

Quel avenir pour la qualité de l’air ?

Les spécialistes s’accordent pour dire que la pollution de l’air reste un problème sanitaire majeur : selon Santé publique France, elle cause plus de 40 000 décès prématurés par an. Sans outils forts comme les ZFE, il faudra redoubler d’efforts sur d’autres leviers : rénovation thermique, transport collectif, fiscalité verte.

L’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 reste inscrit dans la loi. Mais la suppression des ZFE pourrait bien complexifier la trajectoire française dans le cadre du Pacte vert européen.

Pour de nombreux Français, en revanche, c’est un soulagement immédiat. Dans plusieurs grandes villes, les véhicules diesel Crit’Air 2, voire Crit’Air 3, allaient être interdits d’ici 2025, ce qui représentait une part importante du parc automobile. Les ménages modestes, souvent contraints de conserver un véhicule ancien, retrouvent une forme de répit.

Sources :
– Ministère de la Transition écologique, conférence de presse du 28 mai 2025
– Assemblée nationale, séance du 28 mai 2025
BFMTV, 28 mai 2025

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