Les États-Unis suppriment leur bureau diplomatique sur le climat pour restructurer la politique énergétique

Publié le 25/04/2025 dans News

Le Département d’État américain s’apprête à supprimer son Bureau de la diplomatie et de l’action climatique, selon des informations obtenues par Reuters auprès de sources internes. Cette réorganisation s’inscrit dans une volonté de recentrer la politique extérieure des États-Unis sur des enjeux énergétiques stratégiques, au détriment d’un pilotage autonome des questions climatiques.

Fin du bureau climat : une décision symbolique

Créé en 2021 sous l’administration Biden, ce bureau était chargé de coordonner la diplomatie climatique des États-Unis, en appui aux négociations internationales comme les COP, et en soutien à la transition énergétique dans les pays en développement.

Sa suppression est perçue par de nombreux observateurs comme un signal clair d’un changement de priorités sous l’administration Trump, plus axée sur la sécurité énergétique nationale et les relations stratégiques autour des hydrocarbures.

« Cette décision montre que le climat n’est plus considéré comme une priorité diplomatique, mais comme une composante secondaire de la politique énergétique », analyse une source proche du département.

Une fusion avec le Bureau de l’énergie

Le personnel du bureau climat devrait être intégré dans une version élargie du Bureau des ressources énergétiques (ENR), qui dépend du sous-secrétaire à la croissance économique. Ce bureau, historiquement dédié à la diplomatie pétrolière et gazière, verra ses compétences élargies aux énergies renouvelables, au nucléaire civil, et à l’approvisionnement critique en métaux stratégiques.

Selon les documents internes consultés par Reuters, la réorganisation vise à donner plus de cohérence à la diplomatie énergétique américaine, en adaptant les moyens aux enjeux géopolitiques actuels, notamment la concurrence avec la Chine, la guerre en Ukraine, et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement en lithium ou en uranium.

Des critiques du côté des ONG et de la communauté internationale

Plusieurs ONG environnementales et anciens diplomates spécialisés regrettent cette approche jugée « rétrograde ».

« Le climat n’est pas un sujet annexe. En diluant cette expertise dans un bureau plus large, on risque d’affaiblir le rôle des États-Unis dans les négociations climatiques mondiales », déplore Rachel Kyte, ancienne envoyée spéciale de l’ONU pour l’énergie durable.

Cette annonce intervient à quelques mois de la COP30 au Brésil, où la diplomatie américaine pourrait jouer un rôle crucial dans le financement climatique et le suivi des engagements pris à Dubaï lors de la COP28.

Une orientation conforme à la ligne Trump

Cette décision s’inscrit dans la continuité de la ligne adoptée par Donald Trump dès son retour au pouvoir. En 2024, il avait déjà suspendu les contributions américaines au Fonds vert pour le climat et assoupli plusieurs réglementations environnementales internes, au nom de la compétitivité industrielle.

La restructuration du département d’État conforte l’idée que l’actuelle administration voit dans l’énergie une arme géopolitique avant d’être un levier de décarbonation.

Une diplomatie énergétique remodelée

Malgré les critiques, le département affirme vouloir adopter une approche « intégrée et moderne » de la politique énergétique extérieure. Le nouveau Bureau des ressources énergétiques devra gérer à la fois les enjeux de sécurité d’approvisionnement, de coopération technologique et d’accès au financement pour les projets d’énergie dans les pays du Sud.

Il reste à voir si cette fusion permettra de renforcer l’influence américaine sur la scène énergétique mondiale ou si elle entérinera un retrait relatif sur le volet climatique.

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