Pourquoi le nucléaire revient en force en Europe

Publié le 30/04/2025 dans Blog

Longtemps critiqué et en perte de vitesse après des catastrophes comme Tchernobyl et Fukushima, le nucléaire connaît aujourd'hui une véritable renaissance en Europe. La crise énergétique de 2022, amplifiée par la guerre en Ukraine, a mis en lumière la nécessité d'une indépendance énergétique rapide et durable. Plusieurs gouvernements européens réévaluent ainsi la place de l’énergie atomique dans leur stratégie.

La quête d'indépendance énergétique

La flambée des prix du gaz naturel et du pétrole a brutalement rappelé aux États européens leur dépendance vis-à-vis d'approvisionnements extérieurs. Selon un rapport de la Commission européenne, 57 % de l’énergie consommée dans l'Union européenne en 2021 était importée.

Face à ce constat, de nombreux pays, dont la France, la Finlande, ou encore la Pologne, misent sur l'atome pour assurer leur sécurité énergétique. Le nucléaire présente l'avantage d'une production massive et stable, indépendante des aléas climatiques ou géopolitiques, contrairement aux énergies renouvelables ou aux hydrocarbures.

Répondre à l'urgence climatique

Le nucléaire est également vu comme un outil clé pour atteindre la neutralité carbone. Contrairement aux centrales à charbon ou au gaz, les réacteurs n’émettent pratiquement pas de gaz à effet de serre durant leur fonctionnement. Cette caractéristique a conduit l'Union européenne à inclure, sous certaines conditions, le nucléaire dans sa taxonomie verte en 2022.

Des projets ambitieux sont annoncés : en France, le plan « France 2030 » prévoit la construction de six nouveaux EPR2 (réacteurs pressurisés européens) et le développement de petits réacteurs modulaires (SMR). La Tchéquie, la Slovaquie et la Roumanie investissent également massivement dans l’atome pour décarboner leur production électrique.

Le boom des petits réacteurs modulaires (SMR)

Une autre tendance renforce ce retour du nucléaire : le développement des petits réacteurs modulaires. Ces unités de petite taille (moins de 300 MW) promettent une construction plus rapide, un coût plus faible et une meilleure intégration dans les réseaux existants. Ils pourraient alimenter à la fois des villes moyennes et des installations industrielles lourdes.

Des entreprises européennes, comme EDF en France ou Rolls-Royce au Royaume-Uni, investissent lourdement dans cette nouvelle génération de centrales. Les premiers SMR devraient entrer en service d’ici la fin de la décennie.

Des défis économiques et technologiques

Relancer le nucléaire n'est pas sans difficulté. Les projets d’EPR en Finlande (Olkiluoto 3) ou en France (Flamanville 3) ont connu d'importants retards et surcoûts, ternissant l’image de cette technologie. Construire une centrale nucléaire nécessite des investissements lourds, un cadre réglementaire strict et une acceptation sociale, pas toujours évidente.

Pour répondre à ces défis, plusieurs pays misent sur la standardisation des modèles et le soutien public. En France, par exemple, l'État prévoit d’accélérer les procédures administratives pour faciliter les nouveaux chantiers nucléaires.

Un changement de perception dans l'opinion publique

La perception du nucléaire évolue également. Selon un sondage réalisé en 2024 par l'IFOP, 62 % des Français soutiennent désormais le développement de l’énergie nucléaire, contre seulement 45 % en 2018. La conscience croissante des enjeux climatiques et les craintes liées à la dépendance énergétique ont contribué à modifier l'opinion.

En Allemagne, où la sortie du nucléaire semblait actée, des voix s’élèvent pour rouvrir le débat, face aux tensions sur les marchés du gaz et de l’électricité.

Perspectives pour les années à venir

Alors que l'Europe vise la neutralité carbone en 2050, le nucléaire apparaît comme un élément clé du futur mix énergétique. Il sera cependant complémentaire aux énergies renouvelables : solaire, éolien, hydraulique. Un équilibre devra être trouvé entre innovation technologique, acceptabilité sociale et compétitivité économique.