Un rapport stratégique sur l’hydrogène natif confié au Gouvernement
Remis fin juin 2025 à l’exécutif, le rapport sur l’hydrogène naturel (ou « hydrogène natif ») marque une étape importante dans la stratégie énergétique française. Commandé par le ministère de la Transition énergétique et rédigé par un groupe d’experts mené par le géologue Jacques Perrot, ce document vise à évaluer le potentiel économique et écologique de cette ressource encore peu exploitée. À travers une cinquantaine de pages, le rapport s’interroge sur les conditions d’exploration, les enjeux réglementaires, la géologie française et les retours d’expérience à l’international, notamment en Australie, au Brésil et au Mali.
Qu’est-ce que l’hydrogène naturel ?
Contrairement à l’hydrogène produit par électrolyse ou reformage du gaz naturel, l’hydrogène naturel est généré spontanément dans le sous-sol terrestre. Il est produit par des réactions chimiques entre l’eau et certains minéraux, notamment dans les zones géologiques profondes riches en fer. Ce type d’hydrogène présente de nombreux avantages : il est abondant, renouvelable à l’échelle humaine, et n’émet pas de CO₂ lors de son extraction. Toutefois, son exploitation commerciale reste balbutiante, faute d’un cadre réglementaire clair et de technologie de forage adaptée.
Un potentiel sous-estimé en France
Le rapport met en évidence que le sous-sol français pourrait receler des gisements d’hydrogène naturel, notamment dans les zones granitiques, les massifs anciens et les bassins sédimentaires. Des indices géologiques ont déjà été observés en Lorraine, dans le Massif central ou en région Rhône-Alpes. Selon les experts, il est temps d’accélérer la cartographie des zones à potentiel et de lancer des projets pilotes d’exploration. Une dizaine d’entreprises françaises – dont Geo4Energy, Hydroma France ou CVA Energy – se sont déjà positionnées sur ce créneau.
Une filière à structurer : entre innovation et encadrement
Le rapport recommande d’autoriser rapidement des permis d’exploration, tout en encadrant strictement les pratiques, à l’image du code minier révisé. L’objectif est double : favoriser l’innovation française sans reproduire les erreurs du passé, notamment celles liées au gaz de schiste. En parallèle, le gouvernement est invité à clarifier la fiscalité, la propriété des ressources et les obligations environnementales des futurs exploitants. Le modèle malien, qui a autorisé la première exploitation commerciale d’hydrogène naturel au monde, est cité comme exemple.
Ce rapport s’inscrit dans un contexte de recherche d’alternatives durables au gaz et au pétrole importés. L’hydrogène naturel pourrait, à terme, jouer un rôle dans la production d’électricité décarbonée ou l’alimentation de certaines industries. Si les perspectives sont prometteuses, le chemin reste long. La France doit investir dans la recherche géologique, la technologie de forage profond, la formation d’ingénieurs spécialisés, et surtout bâtir un cadre législatif stable.
Des premiers permis d’exploration dès 2026 ?
Selon plusieurs sources industrielles, le gouvernement pourrait accorder dès 2026 des permis expérimentaux dans certaines régions stratégiques. Cela permettrait de valider les modèles géologiques et de mesurer la rentabilité des puits d’hydrogène. La filière espère également bénéficier d’un soutien public dans le cadre du prochain plan « France 2030 » ou du volet énergétique du budget 2026.
Comme pour toute activité souterraine, l’acceptabilité locale sera clé. Les promoteurs devront faire preuve de transparence, impliquer les collectivités locales, et démontrer l’absence de risques pour les nappes phréatiques ou la stabilité des sols. L’État, de son côté, est attendu pour poser un cadre rassurant, éviter les conflits d’usages et garantir un partage équitable des bénéfices.
Vers une France pionnière de l’hydrogène natif ?
En rendant ce rapport public, le gouvernement pose la première pierre d’une potentielle nouvelle filière énergétique. Si la dynamique est lancée rapidement, la France pourrait jouer un rôle de leader européen dans l’exploration et l’exploitation de l’hydrogène naturel. La stratégie devra toutefois s’inscrire dans une vision globale, en lien avec les objectifs de neutralité carbone, de relocalisation industrielle et de diversification énergétique.
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