Des prix de l'électricité négatifs le 10 mai : une première en 2025
Le marché de gros de l’électricité en France a enregistré un prix moyen journalier de -1,05 €/MWh le samedi 10 mai 2025, selon les données relevées par Hello Watt. Ce phénomène étonnant, bien que ponctuel, témoigne de l’évolution rapide du mix énergétique français, mais aussi de ses déséquilibres structurels. Les prix négatifs surviennent lorsque l’offre d’électricité dépasse largement la demande, au point que certains producteurs doivent payer pour injecter leur production sur le réseau. Ce cas extrême s’est produit durant un week-end printanier, marqué par une faible consommation et une production solaire exceptionnelle.Solaire en excès, demande en berne
Le développement accéléré du photovoltaïque en France, notamment sur les toitures des particuliers et des bâtiments publics, a fait grimper la part de cette source dans le mix énergétique. Le 10 mai, un ensoleillement exceptionnel a engendré une production massive, au moment même où la consommation était à son plus bas. Ce phénomène soulève la question de la flexibilité du réseau électrique et de l’aptitude de la France à absorber des pics de production renouvelable. En l’absence de stockage suffisant ou d’ajustement de la demande (comme le pilotage de la recharge des véhicules électriques), ces excédents créent des distorsions sur le marché.L'ARENH atteint son plafond, la facture grimpe
Dans le même temps, les tensions se sont accrues autour de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique), un dispositif qui permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter de l’électricité nucléaire à un tarif régulé auprès d’EDF. Mais en 2025, le plafond annuel de 100 TWh a été atteint prématurément, contraignant les fournisseurs à s’approvisionner sur le marché de gros — précisément celui où les prix peuvent fluctuer de manière extrême. Selon les données relayées par Chez Switch, cette situation provoque une hausse des coûts pour ces acteurs… et donc pour les consommateurs finaux.Un paradoxe tarifaire : abondance + hausse des prix
On assiste donc à un paradoxe : alors que la France bénéficie d'une abondance d’électricité à certains moments de la journée, les prix payés par les particuliers augmentent. Ce décalage résulte du fonctionnement du marché libéralisé de l’énergie et des limites du modèle ARENH. Plusieurs fournisseurs alternatifs ont d’ores et déjà annoncé une révision à la hausse de leurs tarifs, justifiant cela par l’impossibilité d’acheter à prix régulé passé le quota ARENH.Quels impacts pour les consommateurs ?
Pour les particuliers, cette situation se traduit par une double incertitude :- À court terme, des hausses de prix chez certains fournisseurs alternatifs
- À moyen terme, une instabilité du marché liée à la dépendance aux conditions climatiques et aux arbitrages géopolitiques
- L’augmentation du plafond annuel
- L’instauration de prix dynamiques indexés sur les coûts réels
- Le remplacement de l’ARENH par un dispositif européen harmonisé