Un continent diversement exposé aux fluctuations pétrolières
Le pétrole occupe une place centrale dans l'économie de nombreux pays africains. Des nations comme le Nigeria, l'Angola, l'Algérie ou encore le Gabon tirent une grande partie de leurs revenus d'exportations pétrolières. À l'inverse, des pays comme le Kenya, le Sénégal ou l'Éthiopie sont dépendants des importations pour répondre à leur demande énergétique interne.
Lorsque le prix du pétrole grimpe, les pays exportateurs enregistrent des rentrées financières importantes, renforçant leur budget public et leur capacité d'investissement. À l'opposé, les nations importatrices voient leurs déficits commerciaux s'aggraver, alourdissant leur dette extérieure.
Les effets positifs d'une hausse des prix pour les exportateurs
En période de hausse du baril, des pays comme l'Algérie ou le Nigeria bénéficient d'une manne financière accrue. Ces recettes permettent souvent de financer des programmes de développement, des infrastructures ou d'améliorer les services publics.
Par exemple, durant la période 2010-2014, marquée par un pétrole à plus de 100 dollars le baril, l'Afrique subsaharienne exportatrice a connu des taux de croissance parmi les plus élevés au monde. Le Fonds monétaire international (FMI) estimait alors que la croissance du PIB des pays pétroliers dépassait régulièrement les 6 %.
Une dépendance budgétaire à double tranchant
Cependant, cette dépendance au pétrole rend les économies vulnérables aux retournements de tendance. La chute des cours en 2014 a plongé le Nigeria dans une récession sévère. Les recettes fiscales ayant fondu, le gouvernement a dû réduire ses dépenses publiques, entraînant des conséquences économiques et sociales lourdes.
Selon la Banque africaine de développement, "plus de 60 % des revenus d'exportation de certains États africains proviennent du secteur pétrolier", accentuant leur vulnérabilité aux chocs externes.
Les impacts négatifs pour les pays importateurs
Pour les pays non producteurs, la flambée des prix du pétrole a des effets immédiats sur l'inflation. Le coût du transport, de l'électricité, et des biens de consommation augmente rapidement, affectant le pouvoir d'achat des ménages.
Au Kenya, par exemple, la hausse des prix du carburant entre 2022 et 2023 a contribué à une inflation alimentaire de plus de 9 %, accentuant l'insécurité alimentaire déjà préoccupante.
De plus, l'augmentation des importations énergétiques pèse lourdement sur les réserves de devises, forçant certains gouvernements à recourir à des emprunts extérieurs coûteux.
Vers une diversification pour atténuer les chocs pétroliers
Face à cette dépendance risquée, plusieurs pays africains tentent de diversifier leurs économies. L'Angola a ainsi lancé un vaste programme de diversification économique visant à réduire la part du pétrole dans son PIB à 20 % d'ici 2030.
De même, des pays comme le Ghana investissent massivement dans le secteur des énergies renouvelables pour limiter leur dépendance aux énergies fossiles. La transition énergétique constitue une opportunité majeure pour renforcer la résilience économique du continent.
Le rôle crucial de la transition énergétique en Afrique
Alors que le monde se tourne progressivement vers une économie bas carbone, l'Afrique est à un carrefour. Le continent possède un immense potentiel solaire, éolien et hydraulique. Selon l'Agence internationale de l'énergie, investir dans les énergies renouvelables en Afrique pourrait créer jusqu'à 4 millions d'emplois d'ici 2030.
Pour autant, les ressources financières nécessaires restent limitées. C'est pourquoi de nombreux experts appellent à un soutien international accru pour accompagner l'Afrique dans cette transition cruciale, tout en réduisant sa vulnérabilité aux fluctuations pétrolières.
Une opportunité pour repenser les modèles économiques africains
Si la volatilité des prix du pétrole pose de sérieux défis, elle offre aussi une opportunité unique : repenser en profondeur les modèles de développement. En favorisant la diversification économique, l'industrialisation locale et les énergies propres, l'Afrique peut bâtir une croissance plus inclusive, durable et résiliente.
Par ailleurs, des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourraient renforcer le commerce intra-africain et réduire la dépendance aux matières premières brutes.