Un plan d’envergure annoncé par Rabat
Le 2 juin 2025, l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) a annoncé la sélection de cinq consortiums candidats à l’initiative « Offre Maroc ». Ce vaste programme vise l’aménagement de 24,5 gigawatts de capacités renouvelables destinées à la production d’hydrogène vert et de ses dérivés (ammoniac, méthanol, e-fuels). Les groupes choisis incluent des poids lourds mondiaux de l’énergie, parmi lesquels Acciona, Cepsa, Envision, EDF Renouvelables, et Fortescue. Ils sont appelés à développer des projets intégrés (production d’électricité, électrolyse, transport et export), dans plusieurs régions marocaines : Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed-Dahab.
Des conditions naturelles idéales pour l’hydrogène vert
Le Maroc bénéficie de facteurs géographiques et climatiques uniques :
- Un ensoleillement parmi les plus élevés du monde (plus de 3000 heures/an)
- Un potentiel éolien exceptionnel, notamment sur les côtes atlantiques
- De vastes terres disponibles dans des zones peu habitées
Ces atouts permettent une production compétitive d’électricité renouvelable, clé pour réduire le coût de l’électrolyse, processus permettant de produire de l’hydrogène à partir d’eau.
Un positionnement stratégique à l’échelle internationale
Le Maroc entend devenir un fournisseur majeur d’hydrogène renouvelable vers l’Europe. Il participe à plusieurs initiatives euro-méditerranéennes, notamment :
- Le partenariat énergétique Maroc-Allemagne (H2-Uppscale)
- Le corridor vert Maroc-Portugal-Espagne
- Des accords bilatéraux avec les Pays-Bas, l’Union européenne et l’Italie
Dès 2030, le pays vise l’export de plusieurs millions de tonnes d’ammoniac vert via des ports comme Tanger Med ou Jorf Lasfar.
Un cadre réglementaire structuré et attractif
Le royaume a adopté dès 2022 une stratégie nationale hydrogène, complétée en 2024 par :
- Un décret facilitant l’accès au foncier pour les projets H₂
- Un système d’autorisations intégré (guichet unique, simplification)
- Un appui financier via le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement
Le gouvernement a également mis en place des mécanismes d’incitation aux industriels (zones franches, exonérations fiscales, infrastructures).
Des défis majeurs à relever
Malgré ces ambitions, plusieurs risques persistent :
- Consommation d’eau : l’électrolyse nécessite de grandes quantités d’eau douce, rare dans les régions ciblées.
- Défis logistiques : transport des dérivés d’hydrogène, intégration portuaire.
- Équilibre local : partage des retombées économiques avec les populations rurales, respect de l’environnement.
Certains observateurs appellent à une vigilance sur les impacts écologiques et sociaux, notamment en zones sahariennes.
Un signal fort dans un contexte géopolitique mouvant
L’initiative “Offre Maroc” intervient alors que les pays européens cherchent à diversifier leurs approvisionnements énergétiques en dehors du gaz russe. Le Maroc, pays stable, bien connecté et historiquement lié à l’Europe, constitue une option crédible et stratégique. En devenant exportateur net d’hydrogène, il pourrait capter une part significative du marché mondial estimé à 600 milliards d’euros d’ici 2050, selon l'IEA.
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