Qu’est-ce que le HVO (Hydrogenated Vegetable Oil) ?
Le HVO, ou Hydrogenated Vegetable Oil, désigne une huile végétale traitée par hydrogénation pour produire un carburant diesel renouvelable. Contrairement au biodiesel traditionnel (FAME), le HVO subit un processus chimique qui le rend quasi-identique au gazole fossile en termes de structure moléculaire.
Cette transformation passe par une étape d’hydrogénation catalytique : les huiles (colza, soja, palme, huiles usagées ou graisses animales) sont purifiées, puis mélangées à de l’hydrogène à haute température. Résultat : un carburant sans oxygène, stable, inodore, qui ne contient ni soufre ni aromatiques.
Le HVO se distingue par plusieurs avantages :
- Compatibilité : il peut être utilisé pur (HVO100) ou en mélange avec du diesel classique, sans modification du moteur ni du circuit d’injection.
- Réduction des émissions : selon l’ADEME, le HVO permet de diminuer jusqu’à 90 % les émissions de CO₂ sur l’ensemble du cycle de vie, selon l’origine de la matière première.
- Stockage et usage facilités : meilleure stabilité à l’oxydation que le FAME, bonne résistance au froid (jusqu’à -30 °C), absence de dépôt ou de gommage dans les moteurs.
Ces caractéristiques en font une solution idéale pour les flottes professionnelles, les transports publics, les engins de chantier ou les collectivités.
Une filière en pleine structuration
Le HVO est déjà largement utilisé dans les pays nordiques (Finlande, Suède, Norvège), grâce à des groupes comme Neste, leader mondial du secteur avec son produit Neste MY. En France, le développement du HVO est plus récent, mais il s’accélère.
Depuis 2022, plusieurs acteurs comme TotalEnergies, Altens ou Bolloré Energy proposent du HVO100 aux professionnels. La distribution au grand public reste toutefois limitée, bien que certaines stations, comme celles de la marque Avia, commencent à proposer ce carburant en libre-service.
Quelle différence avec le biodiesel (FAME) ?
Le HVO et le FAME (Fatty Acid Methyl Esters) sont tous deux issus de matières grasses, mais leur procédé de fabrication et leurs propriétés diffèrent :
Critère | HVO | FAME |
---|---|---|
Procédé | Hydrogénation | Estérification |
Structure chimique | Paraffines | Esters d’acide gras |
Stabilité au froid | Excellente | Moyenne |
Compatibilité moteur | Totale | Limitée à 30 % de mélange |
Odeur/émissions | Inodore, très propre | Odeur marquée, émissions plus élevées |
Les limites et défis du HVO
Malgré ses nombreux atouts, le HVO n’est pas sans limites :
- Coût de production élevé : en raison du procédé d’hydrogénation, son prix reste supérieur au diesel classique.
- Accès limité : peu de stations le distribuent en France en dehors des réseaux professionnels.
- Débat sur l’origine des matières premières : certaines huiles (comme l’huile de palme) posent des problèmes environnementaux majeurs si elles ne sont pas issues de filières durables.
Pour répondre à ces enjeux, la réglementation européenne impose un suivi strict de la traçabilité et privilégie les matières premières dites avancées (huiles usagées, graisses animales…).
Vers une démocratisation en France ?
Le HVO représente une alternative sérieuse pour décarboner le transport, en particulier les usages difficiles à électrifier (camions, bus, engins lourds). Si son développement grand public reste timide, les perspectives sont encourageantes :
- Depuis 2023, le HVO100 est autorisé à la pompe sous certaines conditions, comme carburant alternatif.
- Des enseignes comme Avia proposent du HVO dans certaines stations.
- Le gouvernement envisage d’étendre les incitations fiscales pour ce type de carburant durable.
Le HVO incarne une solution mature et disponible dès aujourd’hui pour réduire les émissions du secteur transport. Encore en phase de déploiement en France, il pourrait, à l’image de ce qui s’est fait en Europe du Nord, jouer un rôle stratégique dans la transition énergétique.