Électricité : la France en passe de battre un record historique d’exportations en 2024

Publié le 09/05/2025 dans News

Une année 2024 marquée par une production excédentaire

La France s’apprête à franchir un seuil symbolique en matière d’exportations électriques. Selon le gestionnaire de réseau RTE, l’Hexagone pourrait battre en 2024 son précédent record de 2021, lorsque 87 térawattheures (TWh) avaient été vendus à ses voisins européens. Cette performance est le fruit d’une combinaison favorable : une production en nette hausse, notamment du parc nucléaire, et une baisse de la consommation intérieure.

Depuis le début de l’année, la France a exporté plus de 70 TWh, un volume qui la place déjà parmi les premiers exportateurs européens. Ce phénomène contraste fortement avec l’année 2022, marquée par une baisse historique de la production due à l’indisponibilité de plusieurs réacteurs et à la sécheresse.

Le nucléaire au cœur de la dynamique exportatrice

Le moteur principal de cette hausse réside dans la remontée en puissance du parc nucléaire français. En 2022, la moitié des réacteurs étaient à l’arrêt, entraînant un déficit énergétique sans précédent. En 2024, la situation s’est nettement améliorée, avec une disponibilité supérieure à 80 % sur l’année. EDF a su maintenir un haut niveau de production, malgré un contexte de maintenance renforcée.

À cela s’ajoute une production hydraulique redevenue normale après deux années de déficit dues à la sécheresse. Le recours aux centrales thermiques, notamment à charbon ou à gaz, reste marginal, renforçant la compétitivité carbone de l’électricité française.

Des exportations vers quels pays ?

La France exporte principalement vers ses voisins immédiats : l’Allemagne, l’Italie, la Suisse, la Belgique et l’Espagne. La reprise économique et les tensions sur les marchés gaziers européens ont renforcé la demande en électricité à bas coût et faible émission de CO₂. Grâce à un prix de gros compétitif, l’électricité française séduit à l’étranger, d’autant plus que la stabilité du réseau RTE est reconnue en Europe.

Autre facteur clef : la baisse de la consommation intérieure. Portée par les efforts de sobriété énergétique, la crise inflationniste et une activité industrielle encore morose, la demande française d’électricité est en légère baisse par rapport aux années précédentes. Moins de consommation domestique, c’est plus de volume disponible pour l’exportation.

Un signal fort dans le contexte de transition énergétique

Cette performance exportatrice est aussi un signal politique fort. Alors que l’Union européenne cherche à renforcer sa souveraineté énergétique et à se détacher du gaz russe, la France s’impose comme un fournisseur fiable et bas carbone. Elle démontre que le nucléaire peut jouer un rôle stabilisateur dans une Europe confrontée à l’intermittence croissante des énergies renouvelables.

Enjeux économiques et géopolitiques

L’exportation d’électricité est aussi une source de revenus pour EDF et, indirectement, pour l’État. En 2024, ces ventes pourraient rapporter plusieurs milliards d’euros, selon les prix de marché. Cela renforce la position française dans le jeu énergétique européen et soutient l’équilibre de la balance commerciale.

Cependant, cette dynamique pose des questions à long terme : faut-il prioriser l’export au détriment de l’investissement dans la modernisation du réseau national ? Quels mécanismes garantiront une juste redistribution des bénéfices issus des exportations ?

Vers une France "batterie de l’Europe" ?

Si la tendance se confirme, la France pourrait prétendre au rôle de "batterie de l’Europe", en assurant une base de production stable à ses partenaires. Cela nécessite néanmoins une stratégie claire d’investissement, tant dans le renforcement du parc nucléaire (avec les EPR2 à l’horizon 2035) que dans les interconnexions transfrontalières.

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