Le Parlement suédois vient d’adopter un projet de loi ambitieux visant à financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Cette décision marque un tournant stratégique dans la politique énergétique du pays, avec un objectif clair : assurer une production d’électricité stable et bas-carbone face à l’augmentation de la demande.
Feu vert du Parlement suédois pour le financement du nucléaire
Ce mardi 21 mai, le Riksdag (Parlement suédois) a voté en faveur d’un projet de loi autorisant l’État à garantir jusqu’à 400 milliards de couronnes suédoises (environ 35 milliards d’euros) de prêts pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Cette mesure s’inscrit dans la stratégie du gouvernement de droite mené par Ulf Kristersson.
Ebba Busch, ministre de l’Énergie, a qualifié cette loi de « plus grand investissement public dans la production d’électricité depuis des décennies ».
Pourquoi la Suède relance le nucléaire ?
Alors que la Suède s'était engagée dans les années 1980 à sortir progressivement du nucléaire, plusieurs facteurs motivent aujourd’hui ce revirement :
- Hausse de la consommation électrique due à l’électrification des transports et de l’industrie,
- Limites des énergies renouvelables intermittentes (solaire et éolien),
- Besoin de réduire la dépendance aux énergies fossiles pour atteindre les objectifs climatiques.
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Des voix critiques, mais une majorité favorable
L’État suédois pourra garantir jusqu’à 400 milliards de couronnes de prêts à des entreprises comme Vattenfall. Objectif : construire de nouveaux réacteurs, notamment sur les sites de Ringhals. Ce modèle de soutien public s’inspire d’exemples britannique (Hinkley Point C) ou finlandais (Olkiluoto 3).
Le projet a été adopté à une courte majorité (174 voix pour, 173 contre). Les opposants dénoncent :
- Coûts très élevés,
- Ralentissements dans la mise en service,
- Risques liés aux déchets nucléaires.
Impact sur la politique énergétique européenne
La relance nucléaire suédoise intervient alors que plusieurs pays européens reconsidèrent le rôle de l’atome. EDF développe ses EPR2 en France, et la Pologne, la Roumanie ou les Pays-Bas planifient de nouveaux réacteurs.
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Vers un mix 100 % bas-carbone
La Suède produit déjà plus de 98 % de son électricité sans combustibles fossiles. L’objectif est une production totalement décarbonée d’ici 2045. Le nucléaire y jouera un rôle de stabilisation complémentaire aux renouvelables.
Dans un contexte de tensions géopolitiques, de crise climatique et de flambée des prix du gaz, la Suède choisit de relancer le nucléaire. Cette décision pourrait redessiner le paysage énergétique européen.