Le réseau des stations-service en France continue de se transformer sous l'effet conjugué de la transition énergétique, de l'évolution des modes de consommation et de la concurrence accrue des grandes surfaces. L'étude Réseau 2023 de l'UFIP Énergies et Mobilités dresse un état des lieux précis de cette mutation.
Un réseau en déclin constant
En 2023, la France comptait 10 920 stations-service, soit une baisse de 1 % par rapport à 2022. Cette diminution s'inscrit dans une tendance de long terme : le pays comptait environ 40 000 stations en 1980.
La répartition entre les types de stations reste stable : 52 % sont des réseaux traditionnels (TotalEnergies, Shell, Avia, etc.), et 48 % sont exploitées par des grandes et moyennes surfaces (GMS) comme Carrefour ou Leclerc.
Baisse des volumes de carburants vendus
Les ventes de carburants routiers ont atteint 48 millions de m³ en 2023, en recul de 2,6 % par rapport à 2022. Cette baisse s'explique notamment par une diminution de la consommation de diesel, qui représente encore 71 % des volumes vendus, mais dont la part continue de décroître.
À l'inverse, les essences, notamment le SP95-E10, gagnent du terrain, représentant 17 % des volumes en 2023 contre 15 % en 2022.
Essor des carburants alternatifs
Le bioéthanol E85 poursuit sa progression, avec une augmentation de 5 % des volumes vendus en 2023. Le nombre de stations proposant ce carburant a également augmenté de 8 %, atteignant 3 700 points de vente.
Cependant, le prix moyen du E85 a connu une hausse significative, passant de 0,80 €/l en 2022 à 1,06 €/l en 2023, ce qui pourrait freiner son adoption.
Les GMS renforcent leur position
Les grandes surfaces continuent de gagner des parts de marché, représentant 59,9 % des volumes de carburants vendus en 2023, contre 58 % en 2022. Cette progression s'explique par des politiques tarifaires agressives et des opérations à prix coûtant, notamment en fin d'année.
En revanche, les réseaux traditionnels voient leur débit unitaire moyen diminuer de 5,8 %, en raison notamment de la fin des aides à la pompe mises en place en 2022.
Vers une désertification des zones rurales ?
La fermeture des stations-service touche particulièrement les zones rurales, où l'accès aux carburants devient de plus en plus contraignant. Cette situation inquiète les professionnels du secteur, qui alertent sur le risque de "zones blanches" en carburant.
Pour faire face à cette problématique, l'État a mis en place une enveloppe de 8 millions d'euros destinée à soutenir la transition des stations vers de nouvelles activités, comme l'installation de bornes de recharge électrique. Cependant, le modèle économique reste incertain pour de nombreux exploitants.
Accélération de l'électrification des stations-service
La transition énergétique s'accompagne d'une électrification progressive des infrastructures. Fin 2023, on dénombrait 118 009 points de recharge ouverts au public en France, dont 17 % en recharge rapide. Notamment, 100 % des stations autoroutières sont désormais équipées de points de recharge, avec plus de 80 % de ces points en recharge rapide. À l'échelle nationale, les stations équipées de bornes de recharge électriques représentent aujourd'hui 6 % du réseau.
Les adhérents de l'UFIP Énergies et Mobilités jouent un rôle moteur dans ce déploiement, représentant à fin 2023 la moitié des stations-service équipées en France en bornes de recharge et opérant la moitié des points de charge disponibles sur autoroute.